Mort de Florijana Ismaili«J'étais là quand on a trouvé son cadavre»
Un pompier volontaire italien a participé aux recherches de la footballeuse suisse disparue, dont le corps a été retrouvé mardi. Il témoigne.

Le pompier volontaire Stefano Giardelli a participé à l'opération de sauvetage.
Stefano Giardelli est pompier volontaire à Dongo, en Italie. Samedi, il a fait partie de l'équipe de recherche mobilisée après la disparition, dans le lac de Côme, de la footballeuse suisse Florijana Ismaili. Interrogé par nos confrères de 20 Minuten, il raconte comment il a vécu les recherches.
Monsieur Giardelli, comment s'est déroulée cette mission?
Samedi, vers cinq heures et demie de l'après-midi, un appel d'urgence est arrivé, disant qu'une personne aurait disparu dans le lac de Côme. Nous sommes immédiatement allés voir la petite amie de Florijana Ismaili et avons discuté avec elle. Elle pleurait. Elle nous a raconté que Florijana avait sauté dans le lac et n'était pas revenue.
Qu'avez-vous pensé à ce moment?
Qu'à cet endroit, le lac est profond et potentiellement dangereux. L'eau était froide, sous les 20 degrés, tandis que la température de l'air était d'environ 35 degrés. Je pense que Florijana Ismaili a subi un choc thermique. Les accidents de ce type sont fréquents, et d'une certaine façon, ils font partie de la routine. Mais il y avait quelque chose de différent cette fois-ci.
Que voulez-vous dire par là?
Quand j'ai vu une photo de Florijana, si souriante et heureuse, j'ai été profondément touché. J'ai tout de suite eu le sentiment que je la connaissais, même si je ne l'avais jamais rencontrée. C'est peut-être parce que j'aime le football, ou parce qu'elle était si jeune. Elle aurait pu être ma sœur.
Qu'avez-vous pensé quand vous avez commencé les recherches?
Nous savons tous qu'il y a peu d'espoir quand quelqu'un disparaît dans le lac. Le fait qu'on doive chercher quelqu'un de si jeune m'a beaucoup remué. Mais j'ai gardé espoir jusqu'au bout. Le samedi, j'avais rencontré les parents d'Ismaili et discuté avec eux. Ils avaient fondu en larmes. En même temps, ils espéraient un dénouement heureux. Cette rencontre a été extrêmement émouvante pour moi.
Comment avez-vous procédé exactement?
Nous avons fouillé durant toute la journée le samedi, le dimanche et le lundi avec cinq, six bateaux. Nous n'avons pas fait de pauses avant la tombée de la nuit, où les recherches devenaient trop dangereuses. C'était difficile. Nous n'avions aucune idée de l'endroit où Florijana pouvait être. Lundi, un bateau avec un robot en provenance de Milan est venu nous aider dans les recherches.
Personnellement, comment avez-vous vécu ces quelques jours?
Tous les soirs, nous faisions un débriefing avec l'équipe et parlions de ce qui s'était passé. Mais je n'ai pas parlé de la mission à ma famille. Je ne veux pas leur faire peur. Je suis né ici. On vit au bord du lac, j'y nage tous les jours. Il fait partie de notre vie.
Le décès de Florijana Ismaili a été prononcé mardi soir. Comment avez-vous appris la nouvelle?
J'étais sur le bateau quand on a trouvé son cadavre et qu'on l'a sorti du lac. Toute la période des recherches a été stressante, mais ce moment était très particulier. J'étais choqué; pas parce que je n'avais jamais rien vu de tel auparavant, mais parce que je me sentais comme relié à elle. Ça me fait si mal qu'on ait pas pu aider la famille. J'aurais adoré pouvoir le faire, et je tiens à leur exprimer mes plus sincères condoléances. Je suis sûr que désormais, Florijana joue au football au paradis.
(L'essentiel/Stefan Ehrbar/LPH)