Xavier Bettel«Je ne veux pas être le chouchou des sondages»
LUXEMBOURG – En entretien avec «L’essentiel» et «Air l’autre télé» ce mercredi, le Premier ministre a marqué sa volonté de réformer le pays.

De nombreux défis attendent le Premier ministre à la tête du gouvernement de coalition.
«Qu’est-ce que j’en ai à faire d’être en tête des sondages de popularité si je suis à la tête d’un pays en faillite». Xavier Bettel annonce clairement la couleur, pour le Premier ministre le pays doit bouger pour avancer. «Il faut qu’on fasse évoluer le Luxembourg tout en préservant sa qualité de vie». Les changements devront se faire au prix de nombreuses réformes, tant économiques comme la relance de l’économie, la préservation de la place financière, l’abolition du secret bancaire, ou la mise en conformité de la TVA sur le commerce électronique, que sur des questions sociétales avec la séparation de l’Église et de l’État, le droit de vote pour les résidents étrangers, et le droit de vote pour les mineurs à partir de 16 ans.
Les chantiers pour le nouveau gouvernement de coalition sont nombreux et périlleux et Bettel de revisiter la devise du pays: «Nous voulons rester ce que nous sommes, mais nous ne voulons pas rester où nous sommes. Nous avons un paquet de réformes à réaliser, mais aussi à analyser pour limiter les dommages collatéraux». Le marché de l’emploi grand-ducal sera au centre des préoccupations du gouvernement de coalition, pour Xavier Bettel il y a danger: «Trop de sociétés établies au Luxembourg ne trouvent pas de main-d’œuvre qualifiée et doivent se tourner vers l’étranger, nous devons faire évoluer la formation».
Le gouvernement soutiendra Jean-Claude Juncker
Interrogé sur le deal Cargolux avec le consortium chinois HNCA, l’arrivée des banques chinoises sur la place financière, et les questions de morale et d’éthique qu’impliquent les négociations avec un pays peu connu pour ses valeurs démocratiques, Xavier Bettel persiste et signe: «Les investisseurs étrangers ne faisaient pas la queue pour entrer dans le capital de Cargolux, il fallait sauver plus de mille emplois. Si nous discutons affaire avec la Chine, nous serons aussi en mesure d’aborder d’autres sujets. Et nous ne sommes pas les seuls, la liste des pays qui commercent avec la Chine est longue».
Concernant les affaires européennes Xavier Bettel signale vouloir soutenir l’ancien Premier ministre. «Si Jean-Claude Juncker veut occuper un poste-clé le gouvernement le soutiendra». Et d’ajouter que la chancelière allemande Angela Merkel serait sur la même voie, contrairement à ce qu’elle laissait entendre jusqu’ici. «Elle m’a assuré lors d’un entretien téléphonique qu’elle ne comptait pas priver l’Europe des compétences de l’ancien chef de l’Eurogroupe».
Xavier Bettel est également revenu sur ce qui, pour de nombreux observateurs, était le premier faux pas du gouvernement, l’affaire Closener. Pour le Premier ministre il n’y a pas matière à polémique. «Le code de déontologie a été respecté» et pourtant. «Nous prévoyons un règlement sous forme de loi qui définira à l’avenir les droits et devoirs des membres du Gouvernement, un ministre n’a rien à cacher».
(Chris Mathieu/L’essentiel Online)
L’intégrale de l’entretien sur «Air l’autre télé»
L’intégralité de l’entretien sera diffusée par «Air l’autre télé» dans le cadre de l’émission «l’Air du temps», à partir du jeudi 9 janvier, 20h30.