Séisme au Népal«Je pensais que j'allais être enterré vivant»
Deux journalistes de l'AFP en mission se sont retrouvés au milieu de l'avalanche déclenchée par le séisme. Récit d'un reportage pas comme les autres.

In this photograph taken on April 25, 2015, rescuers use a makeshift stretcher to carry an injured person after an avalanche triggered by an earthquake flattened parts of Everest Base Camp. Rescuers in Nepal are searching frantically for survivors of a huge quake on April 25, that killed nearly 2,000, digging through rubble in the devastated capital Kathmandu and airlifting victims of an avalanche at Everest base camp. AFP PHOTO/Roberto SCHMIDT
«Nous avons alors entendu ce bruit si terrible. C'était comme un train mais qui venait de si profond (..) et puis finalement le calme, un calme absolu, je savais que j'étais vivant», raconte le photographe de l'AFP, Roberto Schmidt, en se remémorant l'instant où il a cru mourir dans une avalanche sur l'Everest. Ce photographe et Ammu Kannampilly, directrice du bureau de Katmandou, venaient d'atteindre le camp de base de l'Everest, samedi, pour un reportage quand une avalanche, déclenchée par le séisme qui a tué plus de 4 350 personnes au Népal, s'est abattue sur la montagne.
Réfugiés dans la ville de Lukla, porte d'accès des alpinistes s'attaquant à l'Everest, ils font le récit de ces heures dramatiques. «Nous venions d'arriver après un trek de neuf jours. Nous n'étions pas là depuis plus de 10 minutes que nous avons senti ce grondement, un gémissement. Ammu m'a demandé: "Qu'est-ce que c'est?" J'ai répondu que la terre bougeait, que c'était une avalanche».
«Mes mains étaient couvertes de sang»
«Je n'avais jamais entendu une chose pareille. Nous sommes sortis de la tente et nous avons alors entendu ce bruit si terrible. C'était comme un train mais qui venait de si profond. Le temps était très nuageux, Ammu est rentrée sous la tente et je me souviens avoir regardé sur ma gauche et tout à coup j'ai vu cette vague, accompagnée d'un grondement et je me suis dit putain de merde. C'était si énorme, les images n'en rendent pas totalement compte. J'ai attrapé mon appareil, appuyé sur le déclencheur, pris trois photos et elle était sur nous. J'ai sauté à l'intérieur et me suis réfugié sous la table. Il y a d'abord eu le vent puis comme une vague qui vous percute, nous avons été balayés, tu ne sais plus où tu es. Tu dégringoles. Finalement, j'ai repris mes esprits, me suis mis sur le dos et j'ai entendu ce bruit de pierres qui chutent et je me suis dit: "Ça y est, je vais être enterré vivant"».
«Elles se sont amassées au-dessus de moi et puis finalement le calme, un calme absolu, je savais que j'étais vivant. Je savais que j'étais conscient mais je devais trouver le moyen de respirer. J'ai essayé de me dégager, de trouver de l'air (..) et tout à coup j'ai senti une main me tirer: c'était notre sherpa Pasang. Ammu saignait et avait un ongle arraché à la main gauche. Nous avons eu de la chance car nos tentes étaient proches d'un rocher qui nous a empêchés d'être complètement balayés.
«Quand la secousse s'est arrêtée, j'ai rouvert les yeux et tout était blanc, comme si nous avions été plongés dans un paquet de sucre glace. J'ai tenté de dégager la neige et ai réalisé que mes mains étaient couvertes de sang, mes lunettes avaient disparu et j'ai crié le nom de Roberto», raconte pour sa part Ammu.
(L'essentiel/AFP)