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Virus en France«Je suis très peu chez moi, nous sommes fatigués»

Praticien dans un hôpital de la région parisienne, un anesthésiste-réanimateur livre tous les jours, sous couvert d'anonymat, le résumé de sa journée.

Un anesthésiste-réanimateur français livre tous les jours, sous couvert d'anonymat, le résumé de sa journée.

Un anesthésiste-réanimateur français livre tous les jours, sous couvert d'anonymat, le résumé de sa journée.

AFP

Paris, 29 mars 2020. 1h36: «La journée n'est pas finie. La vague continue de monter. Les lits de l'unité non Covid sont en train d'être transformés en nouvelle unité Covid. Il se pourrait qu'en début de semaine prochaine, il n'y ait plus réellement d'unité non Covid et seulement quelques lits en fonction des patients déjà présents et pas transportables ailleurs. Le manque de places en réanimation commence à modifier complètement nos pratiques et notre vision de la médecine moderne».

«Les patients qui étaient considérés la veille comme jeunes et sans antécédents sont maintenant pour certains trop âgés et avec trop de comorbidités. On est obligés de prendre des décisions de limitation thérapeutique peut-être plus rapidement qu'avant chez certains malades. Encore une fois, nous n'avons pas le choix. La mortalité des patients admis en réanimation semble très très élevée... Même avec les patients qui sont dans le service, on se demande parfois ce que l'on est en train de faire».

«Je suis très peu chez moi»

«On parle parfois d'une mortalité de 70% en réanimation, largement plus élevée qu'en temps normal. On est au jour le jour, avec les modifications d'organisation, l'afflux de malades. Nous sommes fatigués, préoccupés par toutes ces questions autour de l'accès à la réanimation qui incluent le fait de refuser des patients qui étaient en bonne santé il y a encore peu de temps. Préoccupés par toutes ces familles que nous appelons quotidiennement et qui ont du mal à comprendre, parce que c'est difficile de s'imaginer la réanimation sans jamais y avoir mis les pieds».

«Je suis très peu chez moi. Mais je pense faire partie des chanceux. Le quotidien et les repères sont extrêmement perturbés ces derniers jours pour l'ensemble des Français. Nous avons une sorte de chance de conserver un rythme professionnel, même si l'environnement est modifié, nous gardons ce repère-là dans une période où tout est décousu».

(L'essentiel/afp)

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