Royaume-Uni – Jeremy Corbyn, le grand gagnant du scrutin

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Royaume-UniJeremy Corbyn, le grand gagnant du scrutin

Le chef de l'opposition travailliste a réussi à augmenter le score de son parti lors des législatives, alors qu'il était donné archibattu et raillé jusqu'au sein de son parti.

Jeremy Corbyn est contesté par une partie des dirigeants travaillistes.

Jeremy Corbyn est contesté par une partie des dirigeants travaillistes.

AFP/ben Stansall

Jeremy Corbyn, 68 ans, fine barbe et cheveux blancs, a mené une campagne électorale tambour battant, en vieux routier et ex militant syndicaliste qu'il est, tandis que sa rivale Theresa May se montrait mal à l'aise dans l'exercice. Avec un gain de 37 sièges, selon les projections, son parti, deuxième derrière les Tories, a réussi une percée que peu pensaient possible, pendant que les conservateurs et les indépendantistes écossais vivaient une nuit difficile. «Quel que soit le résultat final, notre campagne positive a changé la politique pour le meilleur», a-t-il déclaré, avant d'appeler Theresa May à démissionner et laisser sa place à un gouvernement «vraiment représentatif».

Il a pour lui son intégrité et son côté social. Et ce militant de toujours a su s'attirer des partisans inconditionnels, surnommés les «Corbynistas», souvent très jeunes et entrés en politique pour le soutenir. «C'est quelqu'un d'humain, qui comprend les gens», explique Sean McKenna, un militant de 16 ans. Un public conquis, complice, de l'enthousiasme... un vrai contraste avec les meetings policés de la Première ministre conservatrice, Theresa May. Corbyn, est «bien plus authentique que la robotique Theresa May», résume Tim Bale, professeur à l'université Queen Mary de Londres. «Le programme du Labour est de surcroît rempli de promesses positives qui répondent aux préoccupations des électeurs».

Dissensions et polémiques

Ce pacifiste de toujours sait aussi faire preuve de pragmatisme. À la suite des attentats qui ont émaillé la campagne, il a promis de créer 10 000 nouveaux postes de policiers, critiquant les coupes budgétaires des Tories. Né le 26 mai 1949, Jeremy Corbyn a développé son sens de l'engagement politique auprès de ses parents, un ingénieur et une enseignante, tombés amoureux lors d'une manifestation contre la guerre civile espagnole. Élevé dans l'ouest de l'Angleterre, le jeune homme ne se passionne guère pour les études. Bac en poche, il part deux ans en Jamaïque pour le compte d'une association caritative. À son retour, il s'installe à Islington, quartier du nord de Londres à l'époque, cœur de la contestation gauchiste mais qui s'est depuis beaucoup boboïsé.

Militant syndical, il est élu depuis 1983 député de cette circonscription, il y vit toujours dans une maison modeste, avec sa troisième épouse, une Mexicaine de 20 ans plus jeune que lui, et se conforme à un style de vie simple. Mais il ne fait pas toujours bon être le chef de l'opposition au Royaume-Uni quand on incarne l'aile gauche radicale d'un parti marqué par la «troisième voie» centriste de Tony Blair. Les ennuis ont commencé dans la foulée de son élection à la tête du parti, en 2015: Corbyn réalise qu'une partie de l'appareil n'acceptera jamais d'être dirigée par un rebelle qui avait voté 533 fois contre la ligne du parti depuis 1997. La suite, ce sont des mois de dissensions, de polémiques... La fronde culminera après le vote sur la sortie de l'UE: accusé de n'avoir pas fait assez pour empêcher le Brexit, Corbyn essuie une motion de défiance. C'est sans compter sur sa détermination et sa ténacité.

(L'essentiel/AFP)

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