Joss Stone revient réclamer son dû
Les princesses soul déferlent toutes ces derniers temps. Joss Stone arrivera-t-elle à s'imposer comme la pionnière?
Joss Stone était jadis la digne héritière de Teena Marie à 16 ans à peine. Sa reprise osée, en 2004, des White Stripes («Fell In Love With A Boy») l'a propulsée au top, mais faute de tubes supplémentaires, elle est vite redescendue, devant céder la couronne à plus forte qu'elle. Avec l'âge, l'artiste a pris du relief.
Ça se sent évidemment dans la voix qui se fait plus grave, plus cassée, aussi. Sur «Colour Me Free», Joss ne veut plus faire simplement dans l'émulation, elle donne plutôt des coups de coude à droite et à gauche pour garantir sa place dans le cercle des chanteuses soul qui comptent, toutes couleurs confondues. Les musiciens qui l'accompagnent sur ce disque n'apportent rien de neuf en s'appropriant à leur tour les codes de la Motown.
C'est d'ailleurs sur les morceaux qui s'éloignent de ce carcan stylistique qu'on prend davantage plaisir à l'écoute, un exemple étant «Governmentalist», sur lequel le rappeur américain Nas nous rappelle son goût de la conspiration.On en oublierait presque «Free Me» et ses harmonies à la Jackson 5, premier extrait fade et formaté.
«Girlfriend On Demand» voit la belle lorgner du côté du gospel, ce qui fait un joli tour de chant quoiqu'un peu mielleux. «Colour Me Free», comme ceux d'avant, est un album inégal, au potentiel certain, mais qui souffre d'une composition trop convenue, sans éclat. On ne le répétera jamais assez: Joss Stone a tout pour être une star, sauf le tube.
Kalonji Tshinza