En FranceJugés pour une collision qui avait fait 12 morts
Deux Portugais impliqués dans une collision entre leur fourgon aménagé et un poids lourd en mars 2016 sur la «route de la mort», sont jugés mercredi en France.

L'accident avait coûté la vie à leurs passagers (douze compatriotes) sur un axe stratégique du centre de la France. Ricardo Martins Pinheiro, le conducteur aujourd'hui âgé de 22 ans, et son oncle, Arménio Pinto Martins, 44 ans, propriétaire du véhicule, sont poursuivis notamment pour «homicide involontaire» et «violation délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence». Ils comparaissent libres devant le tribunal correctionnel de la ville de Moulins (centre).
Le soir du 24 mars 2016, le jeune homme transportait 12 personnes dans ce fourgon Mercedes, aménagé artisanalement pour augmenter sa capacité, et attelé d'une remorque très chargée. Ils étaient partis de Romont, dans le canton de Fribourg (Suisse) où ils travaillaient, pour aller passer les fêtes pascales au Portugal dans la région de Guarda. Vers 23h30, alors qu'il doublait un véhicule près de Moulins sur la nationale 79, une portion de la RCEA (Route Centre-Europe Atlantique) qui traverse la France d'est en ouest, le fourgon avait percuté un camion italien arrivant en face. Les passagers, âgés de 7 à 62 ans, étaient morts sur le coup, tandis que le conducteur était indemne.
Plusieurs infractions
L'enquête a révélé que le jeune homme ne possédait pas le permis de conduire adéquat pour transporter plus de neuf passagers. Et il n'avait obtenu celui l'autorisant à tracter une remorque que deux jours seulement avant l'accident. Il lui est reproché une «conduite imprudente», «une manœuvre de dépassement irrégulière», ainsi qu'une «vitesse excessive». La justice française reproche à son oncle d'avoir aménagé le fourgon en ajoutant une rangée de sièges, dépourvus de ceintures de sécurité, et fixés au plancher du véhicule sans respecter les normes d'installation.
«Mon client redoute cette audience», a confié son avocat Antoine Portal, pour qui «le tribunal devra démontrer le lien de causalité entre les faits, l'aménagement du véhicule, et le décès des victimes». Au moins trois des familles des victimes n'assisteront pas au procès en raison du «coût» du déplacement, a précisé leur avocat Fernando Pais, qui sera lui-même absent. «Indépendamment de l'audience pénale à Moulins, les victimes seront indemnisées au Portugal» mais elles «souhaitent que les deux prévenus soient jugés et condamnés», a-t-il dit.
Cet accident est le plus grave survenu sur la RCEA dans cette région de l'Allier (centre). Cet axe stratégique entre l'Espagne et le reste de l'Europe est surnommé «la route de la mort» en raison du nombre d'accidents mortels qui s'y produisent (57 morts entre 2010 et 2017), du trafic intense et de sa configuration ancienne qui fait l'objet d'aménagements depuis des années.
(L'essentiel/afp)