Commission européenneJuncker et les autres: la bataille est ouverte
Le centre droit européen s'est lancé jeudi dans la course à la présidence de la Commission européenne, avec déjà plusieurs prétendants dont l'ancien Premier ministre luxembourgeois.

Il y a plusieurs prétendants à la présidence de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker, Viviane Reding et Michel Barnier sont cités.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a donné son aval au lancement du processus lors d'une réunion du Parti populaire européen (PPE) organisée avant l'ouverture du sommet des dirigeants de l'UE, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources. Mme Merkel s'était jusqu'à présent dite plus que réservée sur ce processus. L'élection se déroulera lors de la convention du PPE organisée les 6 et 7 mars à Dublin, a déclaré le président du PPE, le Français Joseph Daul. Plusieurs Premiers ministres ou anciens chefs de gouvernement sont déjà sur les rangs: l'Irlandais Enda Kenny, le Finlandais Jyrki Katainen, le Polonais Donald Tusk et, depuis peu, Jean-Claude Juncker.
Après avoir longtemps démenti être intéressé, le Premier ministre du Luxembourg pendant 18 ans, vient de confier au quotidien français Le Monde: «Je suis prêt si on me le demande». «Juncker joue sur plusieurs tableaux. Il se met sur les rangs pour la Commission européenne, mais il est également cité pour la succession du Belge Herman van Rompuy, à la présidence du Conseil» européen, a expliqué à l'AFP, une source européenne. Sa désignation à la présidence de la Commission européenne poserait des problèmes à certains chefs de gouvernement, notamment à Mme Merkel», a confié cette même source. «Jean-Claude Juncker fait nécessairement partie de l'équation, mais pas à la Commission européenne», a confirmé une autre source.
La décision reviendra in fine à Angela Merkel»
Le commissaire européen français, Michel Barnier, se dit également prêt à se porter candidat si on le lui demande au PPE. La commissaire luxembourgeoise, Viviane Reding, était également en lice, mais la candidature de M. Juncker réduit ses chances. Les deux prochains mois vont être mis à profit par les postulants pour rallier les suffrages au sein de leur famille politique. «Mais la décision reviendra in fine à Angela Merkel», a confié une source au sein du PPE.
Le candidat sélectionné sera en lice contre ceux des autres groupes politiques du Parlement européen, au premier rang desquels l'allemand Martin Schulz pour les socialistes, qui est actuellement la deuxième force au sein du Parlement européen derrière le PPE. Seront aussi candidats, mais sans aucune chance, le vainqueur du duel opposant au sein de la famille libérale le commissaire finlandais Olli Rehn et l'ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, le candidat de la Gauche radicale, le Grec Alexis Tsipras, et un représentant des Verts.
Merkel soutiendra-t-elle Juncker?
M. Schulz, président sortant du Parlement européen, a salué jeudi la décision du PPE de désigner un candidat. «Si Jean-Claude Juncker envisage une candidature, ce sera une candidature de renom», a-t-il commenté lors d'une conférence de presse. Il a reconnu que le choix fait par Mme Merkel serait décisif. Selon lui, la chancelière ne serait pas opposée à sa nomination, «mais je ne sais pas ce qu'elle fera en définitive», a-t-il insisté. Angela Merkel dirige un gouvernement de grande coalition avec le parti social-démocrate, auquel appartient M. Schulz. Or, les votes des eurodéputés allemands des deux grandes familles, qui constitueront un bloc important au sein du futur Parlement européen, seront décisifs.
Le prochain président de la Commission européenne devra obtenir les votes de la majorité des députés élus lors des européennes en mai, ce qui va imposer des alliances et donc des contreparties politiques. La présidence de la Commission européenne est l'un des quatre postes à pourvoir l'an prochain avec la présidence du Conseil européen et du Parlement, ainsi que celui de représentant de la diplomatie européenne. L'équation n'est pas simple. Un délicat équilibre doit être trouvé entre les États membres et les deux grandes familles politiques de droite et de gauche, car aucune n'est majoritaire. En outre, même si rien ne l'impose, au moins un des postes devrait revenir à une femme.
(L'essentiel Online/AFP)