Discours au LuxembourgJuncker souhaite que l'UE «renoue» avec la Russie
LUXEMBOURG - Le président de la Commission européenne veut une normalisation avec «la grande Russie», sous le coup de lourdes sanctions européennes liées à la crise ukrainienne.

Le président de la Commission européenne souhaite une amélioration des relations entre Bruxelles et Moscou.
«Pense-t-on vraiment qu'on peut penser l'avenir de l'Europe sans avoir à l'œil la grande Russie?», a lancé Jean-Claude Juncker, lors d'un discours devant des étudiants à l'université du Luxembourg. La Russie est «notre première grande voisine, avec laquelle d'une certaine façon - et en n'oubliant pas les conflits qui existent - nous devons absolument renouer!», a-t-il ajouté.
«Le territoire de l'Union européenne fait 5,5 millions de kilomètres carrés, c'est très petit», a insisté Jean-Claude Juncker, rappelant à titre de comparaison que «la seule Russie fait 17,5 millions de kilomètres carrés». Sur les 44 pays que compte le continent européen, 27 sont nés après la chute du Mur de Berlin, a-t-il fait valoir, «avec tous les conflits non encore maîtrisés, certains encore gelés, que cela a entraîné», en référence à la crise ukrainienne, mais aussi aux tensions concernant des territoires séparatistes soutenus par Moscou en Moldavie ou Géorgie.
«Nous ne pouvons pas organiser la libido continentale»
Les relations entre Bruxelles et Moscou se sont fortement dégradées après l'annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014. Lorsque des séparatistes pro-russes ont lancé une offensive dans l'est de l'Ukraine, l'UE a accusé Moscou de les soutenir en sous-main, ce que le Kremlin dément, et riposté par de lourdes sanctions économiques touchant notamment les banques, entreprises pétrolières et de défense russes.
Les désaccords se sont encore aggravés après l'intervention de l'armée russe en soutien du régime de Bachar el-Assad en Syrie. Mais les Européens «ne sont pas maîtres du monde», a plaidé Jean-Claude Juncker, en faisant valoir que l'UE allait connaître un déclin démographique et économique dans les années à venir. «D'ici quelques années», l'UE comptera pour 15% de la richesse mondiale produite, contre environ un quart actuellement, et «aucun pays européen n'aura plus de 1% de la population mondiale et ne sera plus membre du G7 d'ici 25 ans», a-t-il averti.
Le président de la Commission, adepte des boutades, a lancé à propos du déclin démographique: «La Commission sait tout faire, mais nous ne pouvons pas organiser la libido continentale. C'est comme ça, la population va continuer à diminuer!». «On voit aisément que la seule issue, la seule sortie qui peut exister pour l'Europe c'est l'intégration européenne», a encore plaidé Jean-Claude Juncker.
(L'essentiel/afp)