Kastendeuch: «pas de honte à avoir»

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Kastendeuch: «pas de honte à avoir»

Ancien joueur du FC Metz et adjoint au maire de la Ville, Sylvain Kastendeuch estime que le club n'a pas vocation à rester en permanence en Ligue 1.

L'Essentiel: Quel regard portez-vous sur le parcours du FC Metz cette saison?

Sylvain Kastendeuch: Je ne suis pas surpris de ce qui arrive. Il n'y a pas de honte a être en difficulté sportive. Le foot a changé et va vers le tout argent et Metz est l'un des plus petits budgets de Ligue 1.

D’autres petits budgets comme Caen s’en sortent pourtant mieux…

Caen n’est pas voué à rester obligatoirement en Ligue 1. Les résultats dépendent de quelques joueurs. En Ligue 1, il y a une dizaine d’équipes qui ont une surface financière pour rester dans l’élite sur du long terme, grâce à un milliardaire ou un fonds de pension. Tous les autres sont voués à naviguer entre le National, la Ligue 2 ou le maintien en Ligue 1.

Pourtant, il y a dix ans, le FC Metz disputait le titre de champion de France à Lens. Comment expliquer cette dégringolade?

Ce qui était anormal ce sont les résultats obtenus par le club au milieu des années 90. Les choses ont changé avec l’augmentation des droits télé et la présence de mécènes. À l’époque, nous avons eu une génération de jeunes et surtout un jeune hyper doué, Robert Pires, qui faisait la différence quasiment à lui tout seul. Ce n’était pas tout à fait le hasard mais… C’est ce qui arrive à Nancy actuellement. Ils ont retenu un noyau de joueurs depuis le National et cette stabilité est récompensée. Mais tout cela est très fragile pour des raisons économiques. Tant qu’on n’a pas des moyens financiers supérieurs à Metz, il n’y a pas de honte à être en Ligue 2. Pendant près de 35 ans, Metz a été conditionné par son maintien en Ligue 1. Depuis 10 ans les choses ont bien changé. Il faut sortir les Messins de ce carcan.

Mais Metz pourrait perdre du terrain sur Nancy dans la sphère du football français et lorrain…

Il y a quatre ans, Nancy était au bord du National. Économiquement, ils vont un peu mieux parce que leur président est à la tête de supermarchés et qu’il surfe sur la vague du succès. Je voudrais bien voir Nancy quand ils auront perdu quelques joueurs. Sur les 30, 35 dernières années, l’histoire est plus favorable à Metz.

Les mauvais résultats de Metz peuvent-ils remettre en cause les projets de modernisation du stade Saint-Symphorien?

Non, la vitrine que constituent les résultats de l’équipe première est une chose. Le renforcement des structures en est une autre. Les projets de renforcement de modernisation du stade doivent presque être indépendants des résultats. Les installations sportives d’aujourd’hui mélangent sport, culture… et sont des centres de vie. Nous n’abandonnerons pas l’idée d’un outil qui ne serve pas qu’une fois tous les quinze jours. À la mairie nous sommes prêts. Il faudra aussi compter sur des investissements privés. Nous avons déjà provisionné plusieurs millions d’euros. Le projet ambitieux proposé il y a quelques mois exige des enveloppes supérieures au premier projet. Nous sommes à la disposition du club. Cet équipement a une vocation au moins régionale. Nous ne savons pas encore à quelle hauteur les autres collectivités locales vont participer.

La France prépare une candidature à l’organisation de l’Euro-2016. peut-on espérer voir des matches à Metz?

D’après les premiers éléments dont j’ai connaissance, le cahier des charges exige au moins 40 000 spectateurs. C’est disproportionné. Le projet actuel dépasserait la jauge des 30 000. Que Metz joue en L1 ou en L2. Mais si la candidature était retenue, des villes au bassin économique fort seront privilégiées. Strasbourg, par sa situation et son statut de capitale européenne, a plus d’atouts que nous.

Le FC Metz ment-il à ses supporters lorsqu’il leur annonce qu’il peut se maintenir en début de saison?

Les ambitions sont placées beaucoup trop haut. Ce n’est pas de la malhonnêteté de la part du club. Ils ont envie de dire aux gens: on va vous proposer du rêve. Mais il serait beaucoup plus judicieux de préparer les gens à la difficulté. On peut faire des miracles mais c’est rare. Il faut dédramatiser la Ligue 2. C’est un bon championnat. Metz était mieux 1er de Ligue 2 que dernier de Ligue 1. Il faut donc communiquer autrement. Dire aux gens voilà la réalité. Plutôt que de dire on va essayer d’être dans les 10 premiers. Dans ce cas, les gens ont le sentiment qu’on les trompe.

Le FC Metz doit donc être plus modeste…

Ce n’est pas de la modestie mais du réalisme. Et cela n’empêche pas d’être ambitieux. Il y a un grand plan de communication à mettre en place pour préparer les Messins à venir au stade pour supporter leur équipe.

Votre discours paraît désenchanté. Votre constat n’est-il pas un peu triste?

C’est la réalité du sport de haut niveau. Regardez en Formule 1, il y a quatre équipes et derrière toutes les autres sont à deux ou trois tours. Le football de papa, c’est fini. On ne peut plus attirer des joueurs avec un président sympa ou parce qu’un de ses copains joue au club. Les carrières sont de très courte durée. En moyenne six ans. En matière de salaires, avant, certains clubs proposaient un petit peu plus. Aujourd’hui, c’est quatre à cinq fois plus. C’est la réalité, collons à la réalité.

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