«Mektoub My Love» – Kechiche signe un hymne à l'amour et au désir

De retour dans son Midi natal pour y passer l'été, Amin (Shaïn Boumedine) surprend par hasard les ébats de Tony et Ophélie. Cette scène d'ouverture, Kechiche la filme de front, en lumière naturelle, épousant le regard gourmand d'Amir sur ces chairs et leur plaisir. Un peu comme si le réalisateur voulait stopper ceux que de telles images pourraient offusquer.

Et pourtant, le reste de «Mektoub My Love» n'est qu'une valse ludique de drague insouciante, entre aoûtiennes oisives, jeunes et moins jeunes dragueurs et beaux parleurs... Tout le monde est beau. Et les demoiselles toutes interchangeables. C'est dit dans le film. Kechiche laisse sa caméra lécher à qui mieux mieux les fesses rebondies des filles, ne se lassant pas de les voir tenter de maîtriser ou agiter sauvagement leurs longues che­velures au gré de sorties alcoolisées, de danses endiablées, de jeux aquatiques. Seules celles qui sont nanties de ces deux attributs semblent trouver grâce à ses yeux.

Il ne se passe presque rien dans le film. Ses trois heures paraîtront longues à ceux qui ne verront pas grand-chose au-delà des marivaudages. Mais «Mektoub» (le destin, en arabe) est une allégorie lumineuse sur ce cours de la vie, atemporel et merveilleux qu'Amin découvre le temps d'un été. Et qui pourrait le nourrir longtemps.

(L'essentiel)