Élections en SarreL'allié libéral de Merkel s'écroule
À 18 mois des législatives, les libéraux du FDP ont connu dimanche une nouvelle débâcle.

Le parti des Pirates jubile.
Mme Merkel elle-même, qui a connu en 2011 une «annus horribilis» électoralement, peut être satisfaite de ce scrutin puisque son Union chrétienne-démocrate (CDU) a recueilli 35,2% des voix, en très légère hausse, selon des résultats officiels provisoires. Les sociaux-démocrates (SPD, opposition fédérale) gagnaient environ 6,5 points mais sans faire jeu égal avec la CDU, contrairement à ce que pronostiquaient les sondages (30,6% des suffrages). Au niveau national, Mme Merkel bénéficie toujours d'une forte popularité, les Allemands appréciant notamment sa conduite des affaires de la première économie européenne en période de crise.
Comme ils l'ont annoncé avant le scrutin, CDU et SPD devraient former une «grande coalition» pour gouverner la Sarre avec leurs 36 élus sur une assemblée de 51 personnes. Le secrétaire général du FDP, Patrick Döring, a mis cette sévère défaite (seulement 1,2% des voix) sur le compte de «difficultés locales», mais son parti a déjà disparu de cinq Parlements régionaux en 2011 (Saxe-Anhalt, Rhénanie-Palatinat, Brême, Mecklembourg-Poméranie antérieure, Berlin). Depuis dimanche soir, il n'est plus présent que dans dix des seize länder (États fédérés), après avoir atteint le score historique de 14,6% aux législatives en 2009. Le FDP reporte tous ses espoirs sur les deux prochains scrutins régionaux, dans le Schleswig-Holstein d'abord, le 6 mai, et en Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest), le 13. «Nous allons montrer que le libéralisme organisé est assez fort dans ces deux länder pour avoir une fonction importante, tant au sein du Parlement qu'aux postes à responsabilité, a lancé M. Döring, alors que, pour le moment, le parti est en dessous de la barre des 5% nécessaires pour siéger dans les Parlements des deux États, selon les sondages.
Le parti des Pirates à la fête
Comme lors des élections à Berlin en septembre, l'effacement progressif du FDP profite à un nouveau venu: le parti des Pirates, qui prône notamment la démocratie directe sur Internet. Après avoir recueilli 9% des suffrages dans la capitale-État, il était crédité dimanche soir d'un total de 7,4% des électeurs. Les Pirates ont également pu attirer des électeurs de Die Linke (16,1% des voix contre 21,3% en 2009), selon le chef de file de ce parti de gauche radicale en Sarre, Oskar Lafontaine. Les Pirates ont devancé les Verts qui continuent lentement de perdre des points dans le pays mais parviennent in extremis à se maintenir au parlement de Sarre avec 5%. La participation fut en baisse, de 67,6% en 2009 à 61 ou 62%. Ce nouvel équilibre politique en Sarre, petit État industriel de 800 000 électeurs seulement, situé à la frontière avec la France et le Luxembourg, pourrait bien préfigurer ce qui risque d'arriver au niveau fédéral dans 18 mois, selon certains commentateurs.
«Cette tendre liaison entre la CDU et le SPD anticipe peut-être (ce qui pourrait se produire) après les prochaines élections au Bundestag», écrivait par exemple le quotidien bavarois de centre-gauche, Süddeutsche Zeitung. Ce d'autant plus qu'actuellement Mme Merkel gouverne de facto une «grande coalition», le SPD votant ses textes sur la crise des dettes souveraines. Mais pour le moment, les tenants des grandes formations se gardent bien d'évoquer une telle perspective. La coalition à la tête de l'Allemagne a une «claire majorité au Bundestag» (chambre basse du parlement), a ainsi souligné Peter Altmeier, chef de file des députés CDU. «À Berlin, nous avons une coalition stable. En Sarre, la situation était tout autre», a-t-il ajouté.
(L'essentiel Online/AFP)