Souverain déchuL'ancien roi Juan Carlos quitte l'Espagne
Accusé de corruption et de blanchiment et tombé en disgrâce, l'ancien souverain d'Espagne a annoncé lundi qu'il quittait son pays, a indiqué lundi la Maison royale.

Juan Carlos a abdiqué au profit de son fils en 2014.
Soupçonné de corruption et sous le coup d'une enquête de la Cour suprême, l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos a annoncé sa décision de quitter le pays dans une lettre adressée à son fils, le souverain Felipe VI, citée par la Maison royale. «Guidé à présent par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que roi, je t'informe de ma décision réfléchie de m'exiler, en cette période, en dehors de l'Espagne», a écrit l'ancien souverain, qui n'a pas précisé sa destination. Le roi Felipe VI accepte et le remercie pour sa décision.
Début juin, la Cour suprême espagnole avait annoncé l'ouverture d'une enquête pour établir si Juan Carlos avait une responsabilité pénale dans une affaire de corruption présumée quand l'Arabie saoudite avait confié à un consortium espagnol la construction du TGV de la Mecque. La justice enquête sur ces faits depuis 2018, mais en vertu de l'immunité dont il bénéficie, seule la Cour suprême peut chercher à cerner la responsabilité de l'ancien monarque, aujourd'hui âgé de 82 ans, et uniquement pour des faits commis après son abdication.
100 millions d'euros sur un compte?
«C'est une décision que je prends avec une profonde peine, mais une grande sérénité», poursuit l'ancien souverain dans sa lettre. «Il y a un an, je t'avais exprimé ma volonté et mon désir d'abandonner les activités institutionnelles», rappelle-t-il, affirmant avoir «toujours voulu le meilleur pour l'Espagne et la couronne». Sur son site, la Maison royale précise que le roi a souligné «l'importance historique» du règne de son père. Juan Carlos Ier avait abdiqué en juin 2014 en faveur de son fils Felipe, alors que la fin de son règne avait été ternie par différents scandales, et en particulier des soupçons sur sa fortune opaque et ses relations étroites avec la famille royale saoudienne.
L'enquête avait échu au parquet du haut tribunal puisque «l'une des personnes impliquées dans les faits visés par l'enquête était alors le roi, l'actuel souverain émérite Juan Carlos de Bourbon», avait indiqué en juin la Cour suprême. Le quotidien suisse Tribune de Genève a affirmé début mars que Juan Carlos avait reçu, en 2008, 100 millions de dollars du roi Abdallah d’Arabie saoudite, sur un compte en Suisse d’une fondation panaméenne. Le même mois, le quotidien The Daily Telegraph rapportait que Felipe VI était également bénéficiaire de cette fondation.
(L'essentiel/afp)