FranceL'arme qui crève les yeux des gilets jaunes adoubée
Un tribunal parisien a refusé d'interdire vendredi le LBD, une arme décriée pour les blessures graves qu'elle occasionne lors des manifs.

Selon les organisations, 17 personnes ont perdu un oeil depuis le début du mouvement le 17 novembre. Le ministère de l'Intérieur parle de quatre blessés graves.
La justice française a refusé vendredi de suspendre l'usage du lanceur de balles de défense (LBD) pour les prochaines manifestations malgré les graves blessures dont cette arme est rendue responsable depuis le début du mouvement social des «gilets jaunes». En pleine polémique sur les violences policières, le Tribunal administratif de Paris a invoqué notamment l'arrivée dans les rangs des forces de l'ordre de caméras destinées à filmer les tirs, annoncée cette semaine.
Les juges administratifs avaient été saisis en urgence jeudi par la Ligue des droits de l'homme (LDH) et le syndicat CGT qui disaient craindre de nouveaux blessés, voire «des morts» et réclamaient l'interdiction des LBD-40, nouvelle version du flash-ball, dès les prochains rassemblements à Paris et sur tout le territoire.
Depuis la mi-novembre, les manifestations de gilets jaunes se répètent tous les samedis. Dans sa décision, le tribunal s'est estimé incompétent pour donner des instructions au ministère de l'Intérieur et pour «prendre des mesures qui auraient valeur réglementaire» dans toute la France. «Cette requête relève de la compétence du Conseil d'État», la juridiction administrative suprême, a-t-il fait valoir.
«Comptables des futurs blessés»
Pour motiver leur décision, les juges ont notamment rappelé l'annonce de la préfecture de police disant que les membres des forces de l'ordre disposant de LBD «seraient en binôme avec un porteur de caméra» lors de la onzième manifestation (l'Acte 11) des «gilets jaunes», samedi. Le préfet de police a déjà rappelé par deux fois le cadre d'utilisation de cette arme de défense: dans des conditions proches de la légitime défense et en visant le torse ou les membres, pas la tête.
«Les juges, comme le gouvernement vont être comptables des futurs blessés», a réagi vendredi l'avocat de la LDH, Arié Alimi. La Ligue et la CGT comptent désormais porter l'affaire devant le Conseil d'État. Selon le collectif militant «Désarmons-les» et un journaliste indépendant, David Dufresne, 17 personnes ont perdu un oeil depuis le début du mouvement le 17 novembre. Le ministère de l'Intérieur comptabilise pour sa part quatre personnes gravement blessées sur les 81 enquêtes menées par la «police des polices» (IGPN) et avoue 1 000 tirs de LBD.
(L'essentiel/afp)