Guerre en SyrieL'armée syrienne lance son offensive à Alep
Les forces du régime de Bachar al-Assad ont lancé samedi à coups de bombardements leur offensive pour déloger les rebelles à Alep, deuxième ville de Syrie et enjeu crucial du conflit.

Plusieurs pays occidentaux et l'ONU avaient exprimé leur préoccupation face à la perspective de cet assaut, Washington évoquant la possibilité d'un nouveau «massacre» dans ce pays ensanglanté par 16 mois de violences déclenchées par la répression d'un mouvement de contestation inédit contre le régime.
Cependant la Russie, allié du régime syrien, a estimé qu'il n'était pas «réaliste» d'escompter que le pouvoir reste les bras croisés alors que des rebelles «occupent» les grandes villes, et averti qu'une «tragédie» menaçait à Alep, cité de 2,5 millions d'habitants et capitale économique du pays.
Les renforts qui se massent depuis des jours aux abords de cette métropole située à 355 km au nord de Damas, se sont dirigés vers le quartier Salaheddine, «qui compte le plus grand nombre de rebelles», a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
«On peut dire que l'assaut a commencé»
C'est ce qu'a déclaré le chef de cette ONG basée en Grande-Bretagne et qui s'appuie sur un réseau de militants sur place. Selon un correspondant de l'AFP sur place, ce quartier du sud-ouest était encerclé et bombardé depuis 08h00 (7h au Luxembourg) par l'armée qui y dépêchait des soldats à pied. Une centaine de chars ont été déployés aux abords de Salaheddine et des combats se déroulaient aux entrées du quartier, ainsi que dans plusieurs autres quartiers bombardés et survolés par des hélicoptères, selon des militants et insurgés.
«Les forces du régime ont tenté de prendre d'assaut Salaheddine mais les héros de l'Armée syrienne libre (ASL) ont repoussé l'attaque» pour le moment, a déclaré à l'AFP un commandant rebelle local à Alep, Abdel Jabbar al-Oqaidi. Au moins dix soldats et six rebelles ont été tués dans les combats depuis le début de l'assaut, selon l'OSDH.
Les civils tentent de fuir
«Il y a des milliers de personnes dans les rues fuyant les bombardements, elles sont terrorisées par les hélicoptères volant à basse altitude», selon Amer, porte-parole d'un réseau de militants à Alep joint par Skype. «Un très grand nombre de civils se sont rassemblés dans les jardins publics dans des secteurs plus sûrs, mais la majorité se réfugient dans des écoles. Ils ne peuvent pas sortir de la ville et il n'y a plus de lieu sûr pour eux en Syrie», a-t-il ajouté.
Selon le correspondant de l'AFP, les habitants ont de grandes difficultés à se ravitailler en pain. De nombreux civils ont trouvé refuge dans les sous-sols des maisons, tandis qu'un mouvement d'exode était noté dans certains quartiers comme al-Soukkari (sud).
Une bataille cruciale pour les deux parties
«Pour le régime, c'est une ville dans laquelle il a beaucoup d'alliés, notamment parmi les hommes d'affaires sur lesquels il compte pour financer une partie de son effort de guerre», a souligné Ignace Leverrier, ex-diplomate français en poste en Syrie, alors que les rebelles cherchent à créer une zone protégée dans le Nord.
«Nous sommes en train de persuader le gouvernement qu'il doit faire les premiers gestes, mais lorsque l'opposition armée occupe des villes comme Alep, où une autre tragédie se prépare, il n'est pas réaliste de compter qu'il (le gouvernement) l'acceptera», a déclaré samedi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, étalant de nouveau les divergences avec l'Occident sur la crise syrienne.
Ailleurs dans le pays, l'armée tentait de prendre d'assaut la région de Lajjate dans la province de Deraa (sud). Près de Hama (centre), la localité de Karnaz était assiégée et pilonnée par l'armée qui bombardait également des quartiers de Homs (centre), selon l'OSDH. Outre les 16 morts à Alep, 36 personnes ont péri dans les autres régions et plus de 19 000 depuis le début de la révolte, selon l'OSDH.
(L'essentiel Online/ATS)