Ambition au Luxembourg – L'économie circulaire sur le devant de la scène

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Ambition au LuxembourgL'économie circulaire sur le devant de la scène

LUXEMBOURG – Une étude sur le potentiel de l'économie circulaire a été rendue publique, ce lundi matin.

Les quantités importantes de papier jetées chaque année au Kirchberg pourraient être mieux recyclées à l'avenir.

Les quantités importantes de papier jetées chaque année au Kirchberg pourraient être mieux recyclées à l'avenir.

AFP

«Au Luxembourg, tous les bâtiments sont des banques!», s'est amusé ce lundi matin Romain Poulles, président de Luxembourg EcoInnovation Cluster, lors d'une présentation consacrée à l'économie circulaire, le nouveau cheval de bataille du gouvernement. Prenant l'exemple de la Chambre de commerce où se tenait l'événement, Romain Poulles l'a décrit comme un bâtiment renfermant entre 15 000 à 20 000 tonnes d'acier, de verre, d'aluminium, qui ont une valeur marchande.

C'est aussi «une banque» avec des flux entrants et sortants, comme le papier, la nourriture, etc. L'idée de l'économie circulaire, dans son approche «matières premières», c'est de faire fructifier ces matériaux et flux. Qu'ils ne soient plus une charge, mais puissent devenir un revenu. Et ce en intégrant leur future réutilisation dès le processus de production. «Ce n'est pas du recyclage à l'ancienne car la question n'est pas de savoir ce qu'on fait des déchets, mais de penser dès le début de la conception ce que va devenir le produit», a précisé Christian Tock, de la direction des nouvelles technologies au ministère de l'économie.

2 200 emplois potentiels

Le ministère de l’Économie a ainsi commandité une étude pour déterminer quel est le potentiel de croissance de l'économie circulaire dans le pays, et comment la développer. Les principales conclusions ont été livrées ce lundi. Premier constat, des acteurs sont déjà engagés dans la démarche, sans forcément la nommer «économie circulaire». La pratique est déjà répandue dans la production d'acier, d'aluminium ou de verre, dans les secteurs de la construction, de la distribution, du leasing et du car sharing... On estime à 7 à 15 000 emplois concernés et autour d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires par an injecté dans l'activité économique au Grand Duché.

Selon les calculs effectués, l'essor de ces nouvelles pratiques «vertueuses» pourrait générer entre 300 millions et 1 milliard d'euros d'économies par an et permettre la création de 2 200 emplois dans les prochaines années. «Le schéma de croissance "prendre, faire consommer, jeter" a atteint ses limites. Il est irréaliste et irresponsable d'utiliser ce modèle ad vitam aeternam», d'autant que «les matières premières deviennent rares et chères au Luxembourg et qu'il faut en majeure partie les importer», a justifié Francine Closener, secrétaire d’État à l'économie. L'idée est ainsi de les réutiliser au maximum une fois qu'elles sont intégrées dans le circuit.

Une banque de données des matériaux

Des groupes de travail et une feuille de route ont été mis en place pour passer de l'ambition à la réalité. Point de départ, «constituer une banque de données des matériaux qui entrent et sortent du pays», a indiqué Romain Poulles, en lançant un appel aux acteurs concernés à s'engager. Il faudra aussi développer des méthodes de désassemblage, de déconstruction et de tri performantes. Peut-être aussi modifier les appels d'offres pour limiter les flux de matériaux.

Autre piste, la mise en place d'un centre d'entraînement pour sensibiliser, montrer les produits et les techniques et développer des modules de formation. Ou encore réfléchir à des incitations fiscales en faveur des nouvelles pratiques. Enfin, le cabinet KPMG a pour mission d'inciter la place financière à jouer un rôle en imaginant de nouveaux produits de financement spécifiques pour les entreprises engagées dans l'économie circulaire.

(Mathieu Vacon)

Des exemples concrets

Des premiers projets-pilotes sont engagés, comme aux Chaux de Contern. L'entreprise va réfléchir à l'utilisation de matières premières partiellement renouvelables, écosourcés, et à intégrer des matériaux recyclés. Au Kirchberg, où l'on évalue que 5 000 tonnes de papier sont jetés et partiellement recyclés chaque année, KPMG conçoit un «cycle complet» de réutilisation. D'autres sociétés du quartier peuvent rejoindre le cabinet dans sa démarche...

Autre projet, logistique, avec POST, qui pourrait utiliser ses véhicules circulant partiellement à vide pour la récupération et le transport de produits, déchets électroniques, etc.

Dans la construction, Heliosmart sera un bâtiment résidentiel où l'ensemble des matériaux seront identifiés et leurs possibles valorisations étudiés.

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