Annonce d'Etienne Schneider – L'Eglise risque-t-elle de voir ses fidèles déserter?

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Annonce d'Étienne SchneiderL'Église risque-t-elle de voir ses fidèles déserter?

LUXEMBOURG - L'annonce, jeudi, par Étienne Schneider, de la réflexion autour de l'introduction d'un impôt destiné aux seuls croyants pour financer le culte, pourrait avoir de nombreuses conséquences.

Une quinzaine de personnes ont déjà entamé, ce jeudi, les démarches pour quitter les rangs de l'Église catholique au Luxembourg, selon l'association AHA.

Une quinzaine de personnes ont déjà entamé, ce jeudi, les démarches pour quitter les rangs de l'Église catholique au Luxembourg, selon l'association AHA.

AFP

Présente dans le programme de gouvernement en indiquant que «le gouvernement dénoncera les conventions existantes pour entamer des négociations avec les cultes, lancer une discussion sur leur financement et redéfinir les relations entre les communes et les cultes», l'idée a été officiellement présentée ce jeudi sous la forme d'une interview accordée par Étienne Schneider, ministre de l'Économie et vice-Premier ministre (LSAP). Annoncée comme un impôt payé «uniquement par les croyants» pour «permettre à l'Église de se financer par elle-même», cette mesure n'a pas encore été détaillée, le ministre indiquant pour le moment que ce nouvel impôt était «une option» à l'étude.

Une idée qui s'inspire largement de la situation en Allemagne, où seules les personnes officiellement inscrites sur les registres des différentes Églises payent cet impôt. Pour y échapper, les Allemands sont obligés de se désinscrire des registres paroissiaux. Une idée défendue par l'association Alliance des humanistes, athéistes et agnostiques du Luxembourg (AHA). Selon les derniers chiffres rendus publics, quelque 5 000 personnes ont ainsi effectué les démarches auprès de l'archevêché de Luxembourg depuis 2009, date de création de l'association. «Depuis ce matin, une quinzaine de personnes ont déjà fait les démarches pour se désinscrire, explique Laurent Schley, président de AHA, contacté par L'essentiel. Et ça devrait continuer, car les gens se rendent de plus en plus compte qu'ils paient l'Église avec leurs impôts malgré eux. Pour nous, l'option présentée jeudi qui consiste à amener l'Église à gérer elle-même ses cotisation est la meilleure, car cela supprime de fait les tâches des fonctionnaires actuellement en charge de cela. Des fonctionnaires payés par nos impôts».

Bien que le nombre de personnes ayant entamé les démarches reste encore modeste, il pourrait bien nettement s'accroître en cas de changement de la loi et surtout de la Constitution. Un changement qui sera soumis à référendum au printemps 2015. «Cette démarche n'est pas une surprise, annonce Claude Wiseler, chef de fraction CSV, contacté jeudi par L'essentiel. Avant de se prononcer en détail sur cette idée, il faut d'abord que tous les détails soient présentés. De manière générale, je constate que la coalition continue d'agir par à coup. Une manière de faire pas toujours judicieuse». De son côté, l'Église luxembourgeoise, contactée par L'essentiel, assure «ne pas vouloir réagir ni commenter, car les discussions entre les Églises et l'État vont commencer». Reste que cette réforme possible intervient dans un contexte compliqué pour l'institution. En juillet dernier, l'archevêché du Grand-Duché faisait état d'une dette de 55,6 millions d'euros.

(Jmh et JW/L'essentiel)

Point de vue de Xavier Bettel

Dans une interview accordée jeudi à la radio 100,7, le Premier ministre a indiqué «qu'aucune décision n'avait encore été prise», tout en précisant qu'il «n'était pas question pour le gouvernement de faire des économies» avec cette mesure. Précisant que «la religion étant une affaire privée», Xavier Bettel a qualifié comme «sensible» la question d'une éventuelle séparation des finances de l'Église et de l'État.

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