Ventes d'armes – L'envoi d'armes au Luxembourg est «normal»

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Ventes d'armesL'envoi d'armes au Luxembourg est «normal»

LUXEMBOURG - La police et les vendeurs d'armes l'assurent: intercepter un camion transportant plus de 200 armes de guerre potentiellement mortelles n'a rien d’exceptionnel.

Les quelque 200 armes de guerre étaient emballées dans des caisses toutes simples. Le chargement avait toutes les autorisations nécessaires et était destiné à un vendeur d'armes au Luxembourg.

Les quelque 200 armes de guerre étaient emballées dans des caisses toutes simples. Le chargement avait toutes les autorisations nécessaires et était destiné à un vendeur d'armes au Luxembourg.

Le mystérieux transport d'armes à destination du Luxembourg, arrêté à la frontière germano-autrichienne mardi, à minuit, pose de nombreuses questions. La police a en effet découvert plus de 200 armes de guerre, emballées dans des caisses. Ces armes potentiellement dangereuses - des pistolets et des kalachnikovs - venaient d’Autriche et étaient destinées à un vendeur d'armes du Grand-Duché. Il aurait été très simple de les rendre opérationnelles, explique la police de Rosenheim (en Bavière) à L'essentiel.

Les autorités bavaroises, très tendues après la série d'attentats de cette année, ont été extrêmement pointilleuses dans le traitement de ce chargement. Plusieurs experts de différents services ont examiné armes et papiers. La justice luxembourgeoise a également été contactée. Le routier slovène a été retenu par la police pendant 14 heures, avant d'obtenir l'autorisation de continuer sa route. Tous les documents de transports étaient finalement parfaitement en règle.

Une kalachnikov, s'il vous plaît

Une grande question demeure: quelle entreprise luxembourgeoise à besoin de 200 armes de guerre, dont des kalachnikovs AK-47? Des vendeurs d'armes, contactés par L'essentiel, parlent «d'un procédé tout à fait normal et légal». La police bavaroise ne trouve pas non plus inhabituel que des kalachnikovs voyagent d'un bout à l'autre du continent, du moment que les autorisations nécessaires sont délivrées. Beaucoup de collectionneurs et des tireurs sportifs s’intéressent aux fusils semi-automatiques. Paul Frauenberg, directeur du commerce d'armes du même nom, et président de l'Association des armuriers et négociants d'armes, explique que l'AK-47 intéresse beaucoup de monde à cause de son prix relativement bas.

Au Luxembourg, on peut en effet acheter une AK-47 venant des pays de l'Est pour quelques centaines d'euros, légalement et avec des options d'envoi dans toute l'Union Européenne. Par contre, Paul Frauenberg insiste sur la réglementation extrêmement stricte à laquelle sont soumis les vendeurs d'armes du pays (voir encadré). «Sans autorisation du ministère luxembourgeois de la Justice, il vous sera impossible d’acheter une arme légalement au Luxembourg». L’homogénéité des contrôles d'armes en Europe est une autre question, reconnaît-il.

200 armes, «c'est rien»

David Rodrigues, du magasin d'armes LuxDefTec, ne comprend pas toute cette agitation. Pour lui, un transport de 200 armes de guerre, «c'est rien». «La livraison aurait très bien pu être pour notre entreprise». Il existe un marché d'armes légal en Europe. La question à poser est à quoi serviront les armes ou les pièces d'armes. Il pense qu'il vaut mieux contrôler les propriétaires qu'interdire les armes. «Cela ne fait que profiter au marché noir». Mais il sait aussi que les gens ont peur des armes. Des kalachnikovs venant des pays de l'Est ont en effet été utilisées lors des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, et également lors des attaques contre Charlie Hebdo en janvier de la même année.

Pour empêcher que des armes tombent entre de mauvaises mains, les ministres européens de l’Intérieur ont convenu d'une nouvelle réglementation en juin. Les fusils semi-automatiques particulièrement dangereux seront soumis à des obligations plus strictes. Mais les pays de l'Union européenne pourront continuer à autoriser leur utilisation dans le cadre du tir sportif, un compromis boiteux qui a notamment fâché Félix Braz, ministre luxembourgeois de la Justice.

(Jörg Tschürtz/L'essentiel)

Armes au Luxembourg

Pas d'arme sans autorisation. C'est la règle de base pour acheter une arme au Luxembourg. L'autorisation est à demander au ministère de la Justice pour toute arme a feu. Les armes automatiques et les lance-roquettes sont interdits. Pistolets, revolvers, fusils et les munitions correspondantes nécessitent une autorisation.

14 000 personnes dans le pays possèdent actuellement environ 90 000 armes. Ou pour le dire autrement: pour 100 habitants, il y à environ 15,3 armes dans le pays (Allemagne: 30,3, Belgique: 17,2, France 31,2). Les deux-tiers des propriétaires d'armes sont des tireurs sportifs, le reste des collectionneurs, chasseurs, héritiers et employés en sécurité.

Luxembourg, plaque tournante?

En début d'année, un documentaire («La route de la kalachnikov») avait présenté le Luxembourg comme une plaque tournante pour des armes de guerre illégales. Le gouvernement était monté au créneau pour démentir les allégations.

Une razzia dans un garage secret de Rumelange avait également fait la une des journaux. La police y avait en effet découvert des caisses entières d'armes de guerre réhabilitées.

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