Nicolas Sarkozy – L'hyperactif devenu président de la République

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Nicolas SarkozyL'hyperactif devenu président de la République

Instinct politique très développé et tempérament de cogneur. C'est sur ces qualités que Nicolas Sarkozy a façonné sa carrière politique.

Nicolas Sarkozy, accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, a voté au lycée Jean de la Fontaine, son bureau de vote, dans le XVIe arrondissement, peu avant midi. (AFP)

Nicolas Sarkozy, accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, a voté au lycée Jean de la Fontaine, son bureau de vote, dans le XVIe arrondissement, peu avant midi. (AFP)

Président hyperactif et mal aimé, impopulaire comme jamais aucun autre chef d'État français avant lui, Nicolas Sarkozy a mis dans la balance son bilan, qu'il juge satisfaisant à l'aune des crises que l'Europe a dû affronter. Le président conservateur de 57 ans n'a pas le profil classique de l'homme politique français. Pas de cursus prestigieux dans les grandes écoles, pas d'études à l'École nationale d'administration (ENA), creuset des élites, mais un diplôme d'avocat et une ambition politique précoce et inoxydable.

Un ambitieux «ne doutant de rien» pour Chirac

Un homme pressé qui, méthodiquement, a franchi les obstacles entre coups d'éclats, trahisons et traversées du désert: engagement gaulliste à 19 ans, il est élu maire de la riche banlieue de Neuilly-sur-Seine à 28 ans, député à 34, nommé ministre pour la première fois à 38, élu triomphalement chef de l'État en 2007 contre la socialiste Ségolène Royal. Un ambitieux, «ne doutant de rien et surtout pas de lui-même», a dit de lui l'ex-président Jacques Chirac, qui fut son premier mentor en politique.

«Je suis de sang mêlé»

Sarkozy n'est pas non plus issu de la bourgeoisie française, petite ou grande, comme beaucoup de ses congénères. Fils d'un immigré hongrois, il a été élevé par sa mère et son grand-père, un Grec de Salonique. «Je suis de sang mêlé (...), je viens d'ailleurs», dit-il. Pourtant, il est aussi le président qui aura le plus flirté avec les thèses de l'extrême droite. «Nous avons trop d'étrangers sur notre territoire», disait-il avant l'élection. La rhétorique droitière, certains disent «populiste», s'est durcie entre les deux tours. «Une course ventre à terre derrière les thèses du Front national», s'est indigné le centriste François Bayrou.

La controverse

Le mandat de Nicolas Sarkozy s'achève dans la controverse, comme il avait commencé. Il y a cinq ans, c'est son rapport aux puissants et à l'argent qui avait été dénoncé. Dès le soir de son élection, il se retrouvait au Fouquet's, un établissement huppé des Champs-Élysées pour fêter sa victoire en compagnie de grands patrons. Quelques jours plus tard, les Français le retrouvaient, par médias interposés, au large de Malte sur le yacht d'un industriel de ses amis, Vincent Bolloré.

Image de «président des riches»

Sa famille «explosait», s'est-il justifié. Sa deuxième épouse, Cécilia, était en train de le quitter, et il ne savait plus très bien où il en était. Nicolas Sarkozy est le premier président français à avoir divorcé en cours de mandat. Le premier aussi à s'être marié, en 2008 avec l'ex-top-modèle Carla Bruni, et à avoir eu un enfant, la petite Giulia, sa quatrième, après trois garçons. Malgré les mea culpa de la campagne, il a eu toutes les peines du monde à se défaire de cette image de «président des riches», accentuée par ses premières décisions de politique économique, quelques mois avant la crise financière de 2008.

Il tire parti de la crise

La crise qui n'en finit pas de menacer l'Europe, c'est aussi un de ses atouts maîtres, estime-t-il. Il pense avoir pris les bonnes décisions pour protéger les Français de la tempête financière. Tout comme, porté par son instinct politique, il pense avoir fait le bon choix en faisant intervenir l'armée française en Libye et en Côte d'Ivoire. Un «président de crise», disent ses partisans, mais aussi le président d'une rupture contrariée. Il devait régénérer la politique française, réformer à tout-va un pays assoupi et englué dans ses lourdeurs. Permettre de «travailler plus pour gagner plus», réduire de moitié le chômage. Il n'y est guère parvenu.

«Je vais l'exploser»

Petit, nerveux, affublé de tics et de mimiques, cet homme qui ne boit pas et fait du sport tous les jours, achève tous ses meetings en nage. «Je vais l'exploser», disait-il en confidence à propos de son adversaire socialiste François Hollande, avant leur débat télévisé de mercredi soir. La prédiction ne s'est pas réalisée, le débat a été rude mais équilibré.

(L'essentiel Online/AFP)

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