Cinéma: Jour J pour le Luxembourg aux Oscars avec «The Red Suitcase»

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CinémaJour J pour le Luxembourg aux Oscars avec «The Red Suitcase»

LOS ANGELES/LUXEMBOURG – Le réalisateur luxembourgeois Cyrus Neshvad est nommé aux Oscars, qui se déroulent dimanche soir, pour son court métrage «The Red Suitcase».

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Recueilli par Cédric Botzung
Cyrus Neshvad est parti aux États-Unis le 11 février dernier.

Cyrus Neshvad est parti aux États-Unis le 11 février dernier.

Vincent Lescaut/L'essentiel

«L’essentiel»: Quelle fut votre réaction en apprenant la nomination aux Oscars?

Cyrus Neshvad (réalisateur): J’étais heureux mais le plus important pour moi était la visibilité offerte au film, et de se dire que j’allais être plus reconnu pour mon travail.

Vous y attendiez-vous?

Non, je ne pensais même pas être dans les quinze. Quand nous avons gagné le prix «Oscar Qualify» à Tirana, 4 000 films avaient été présentés au festival. Nous étions dans les quinze et nous avons gagné le prix. Pour moi, c’était le plus grand exploit que je pouvais accomplir. Pour les Oscars, bien sûr l’espoir était toujours là, mais nous étions déjà contents. Le plus important, c’est que le public puisse voir le film en salle.

La visibilité des courts métrages est plus compliquée que celle des longs.

Ce qui est le plus dur, c’est que le jury décide de ce que le public va aimer. Ce n’est pas juste, car le jury est comme un professeur. Or, mes films, que ce soit «L’orchidée», «Antoine», «Fils», «Portraitiste» ou «La Valise Rouge», parlent au public. J’ai un message à faire passer et je ne veux pas que les spectateurs s’ennuient. Je veux qu’ils soient connectés au héros et vivent un périple avec lui. Dans les festivals, je vois que mes films parlent au public. Mais il est vrai que c’est plus difficile pour les courts métrages, qui peuvent être vendus à des télévisions.

Comment se passe la préparation pour les Oscars?

Je suis parti le 11 février dernier, pour un mois complet de préparation. Sur place, il y a des dîners, des séances photos et j’ai une publiciste sur place. Le but est que l’on parle du film, qu’on sache qu’il existe.

Que savez-vous des films concurrents?

Il y a «An Irish Goodbye», que j’aime beaucoup. Il y a aussi celui de Disney, qui a mis 1 million de dollars (950 000 euros) pour la campagne, «Le Pupille» d’Alice Rohrwacher et Alfonso Cuaron, ainsi que «Ivalu» et «Night Ride». Être aux côtés de ces quatre chefs-d’œuvre me ravit.

Avec les évènements en Iran, le film est dans l’actualité. Un atout?

C’est d’actualité en ce moment, mais c’était déjà le cas il y a deux ans. J’ai de la famille en Iran, ma mère me raconte les disparitions de femmes. Cela m’a révolté, et j’ai fait un film. Même si cela ne change rien, j’aurais eu l’impression d’avoir fait quelque chose. L’idée est venue de placer cette jeune fille de seize ans dans un aéroport. C’est le lieu idéal car paradoxal, c’est le lieu d’où l’on part en vacances, alors qu’elle est prisonnière de ces grands espaces avec tous ces posters de femmes heureuses.

Votre famille a dû fuir l’Iran?

Une partie a fui et une autre est restée. Car c’est difficile de partir, de recommencer. On part sans comprendre la langue, sans maison, sans amis. Certains fuient mais se suicident. Rester n’est pas une solution, partir non plus, il n’y a pas de solution. Pour ma part, ça a été un traumatisme, qui m’a un peu détruit pendant mon enfance. Mais j’ai appris à vivre et à grandir avec, et à être plus fort malgré ça.

Quels sont vos futurs projets?

J’ai un long métrage en préparation, qu’on devait débuter en mars mais on l’a décalé à mai. Ce sera mon premier.

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