Covid-19 au Luxembourg – L'opposition aux mesures pourrait-elle dégénérer?

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Covid-19 au LuxembourgL'opposition aux mesures pourrait-elle dégénérer?

LUXEMBOURG - Les propos menaçants en réponse aux mesures sanitaires se sont renforcés depuis lundi.

«Barricades», «révolte»: depuis l’annonce lundi par le gouvernement du renforcement du CovidCheck, la pression est montée d’un cran pour les non-vaccinés, comme le ton sur les réseaux sociaux. Et quelques manifestants se sont présentés mardi devant le domicile du Premier ministre cette semaine, pour protester. Sans «risque de sécurité», a précisé la police. Mais certains ne dissimulent plus un appel à des manifestations plus virulentes comme celles observées aux Pays-Bas, Autriche ou Belgique.

«Les marches blanches partent d'un très bon principe mais il faudra commencer à employer d'autres moyens malheureusement pour nous prendre au sérieux», nous confie un opposant à la vaccination Des messages «de plus en plus agressifs» dénoncés la semaine passée par le directeur de la Santé Jean-Claude Schmit. De quoi craindre un passage à l’acte? Les premiers rassemblements sur la place d’Armes puis les marches blanches silencieuses (MBS), encadrées par un service de sécurité, n’ont à ce jour pas donné lieu à des débordements.

«Un dispositif adéquat» de la police

Sollicités il y a une semaine par L’essentiel, les organisateurs des MBS n’ont pas répondu à la question de savoir s’il craignaient, avec le renforcement des mesures, des débordements ou des actes isolés qui briseraient la quiétude de ces manifestations. Le ministère de la Sécurité intérieure, lui, a laissé le soin à la police de s’exprimer sur cette question jugée «opérationnelle».

«Les marches blanches, comme d’autres manifestations d’envergure organisées au Luxembourg, sont soumises à une évaluation du risque de la part de la police. Le but en est justement de mettre en place un dispositif adéquat de notre côté», expliquait le porte-parole de la police grand-ducale, ne souhaitant pas livrer de détails sur les effectifs calculés pour «garantir le bon déroulement de la manifestation (trafic, etc.) et pouvoir intervenir en cas de troubles à l’ordre public». «Cette évaluation du risque inclut en principe le contact avec l’organisateur et/ou les autorités communales. Mais l’évaluation inclut aussi les informations qui nous sont communiquées ou qui sont disponibles sur Internet», ajoutait le porte-parole de la police.

«Est-il opportun d'appeler à la désobéissance civile?»

Mais la montée des tensions inquiète également certains à la Chambre des députés. «Il n’y a pas encore eu d’entrevues avec la police à ce sujet mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas inquiets», admettait Stéphanie Empain, présidente de la commission Sécurité. Si l'élue insiste sur la frontière entre les mots et le passage à l’acte, soulignée lors du récent débat sur la haine en ligne, la députée constate que ces propos sur les réseaux ont un impact et peuvent inciter à passer à l’acte quand la «pression sociale monte».

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«Les mesures sanitaires qui sont prises le sont pour protéger la société, pas par plaisir», rappelle-t-elle, ajoutant que le Luxembourg n’a pas de «tradition» de manifestations violentes, mais «nous ne sommes pas une île», admet-elle. Mercredi, via Twitter, elle s’interrogeait sur les prises de position du député Roy Reding via les réseaux sociaux : «À l'heure où les hôpitaux se remplissent et où les gens commencent à se rassembler devant les portes des ministres… est-il opportun d'appeler à la désobéissance civile?»

En attendant, les mouvements s’enchaînent. Entre deux dimanches de marches blanches silencieuses, en perte de vitesse ces dernières semaines, une nouvelle manifestation est annoncée ce samedi au parking du Glacis à Luxembourg. Elle dénonce des réformes jugées «discriminatoires du gouvernement et ses mesures liberticides».

(Nicolas Martin/L'essentiel)

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