Meurtrie par la pandémieL'Union européenne veut renforcer son modèle social
Les dirigeants de l'UE se rassemblent à partir de jeudi soir, à Porto, pour un sommet qui doit établir le social comme priorité, après deux crises économiques en dix ans.

«J'attends un message politique fort sur le social», indique le Luxembourgeois Nicolas Schmit, commissaire européen à l'Emploi.
Les dirigeants de l'UE se réunissent à partir de jeudi soir à Porto (Portugal) pour un sommet qui doit consacrer le social comme priorité après deux crises économiques historiques en une décennie qui ont accru la pauvreté et miné la cohésion européenne. En novembre 2017, les chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Sept avaient amorcé à Göteborg (Suède) un virage social pour réconcilier les citoyens avec le projet européen: l'Europe commençait à remettre en cause les politiques d'austérité qui avaient replongé le continent dans la récession, après la crise financière de 2008 et nourri le populisme.
Une grande déclaration, baptisée «Socle européen des droits sociaux», avait conclu cette réunion en proclamant 20 grands principes comme le droit à l'enseignement, la garantie d'un salaire minimum approprié, le droit à l'accès aux soins, l'égalité des chances... Des mots et peu de concret dans l'immédiat. À Porto (nord-ouest du Portugal), dans une Europe en proie aux dégâts économiques et sociaux de la pandémie, les dirigeants des Vingt-Sept doivent approuver un «plan d'action» de la Commission, présenté début mars.
«Vaccin contre le populisme»
Il fixe trois objectifs à l'horizon 2030: augmenter à 78% le taux d'emploi, assurer une formation professionnelle chaque année à au moins 60% des adultes et réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d'exclusion sociale. «Mettre en pratique le "Socle social" est le meilleur vaccin contre les inégalités, la peur et le populisme», avait déclaré début janvier, le Premier ministre portugais, Antonio Costa, qui a tenu à organiser en présentiel cette rencontre, point d'orgue de la présidence portugaise de l'UE, débutée en janvier.
La chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte ont renoncé au déplacement et participeront à distance, en raison de la situation sanitaire. D'autres dirigeants seront à Porto dès jeudi soir, avec quelques dîners et rencontres informelles prévus. Le programme officiel démarrera vendredi avec une conférence rassemblant représentants de la société civile, partenaires sociaux et élus. Il se poursuivra samedi avec une réunion informelle des chefs d'État et de gouvernement. «On ne va pas sortir de ce sommet en disant "on a décidé telle ou telle mesure". J'attends un message politique fort sur le social», a expliqué à l'AFP le Luxembourgeois Nicolas Schmit, commissaire européen à l'Emploi.
«Nous pensons que ce sommet peut marquer un tournant, s'il y a un engagement fort de tout le monde pour qu'après la pandémie nous n'adoptions pas les mêmes mauvaises recettes qu'après la crise financière. Il faut mettre fin à l'austérité», a déclaré le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, Luca Visentini.
(L'essentiel/afp)