PolémiqueLa bataille de Verdun restera enseignée au lycée
VERDUN - Des responsables de l'opposition et des élus de l'Est craignaient une «disparition» de la bataille de Verdun des nouveaux programmes du lycée, en septembre prochain.

Selon Nicolas Offenstadt, historien, spécialiste des guerres, cette polémique sur Verdun est motivée par des «raisons politiques, de valorisation locale (par les élus), ou de politique identitaire nationale.
Les lycéens vont bien continuer à recevoir un enseignement sur Verdun et les autres grandes batailles de la Première Guerre mondiale, peut-on établir après consultation des nouveaux programmes et entretiens avec des professeurs d'histoire et un historien. Des élus locaux, dont le maire de Verdun, Samuel Hazard, et le président de la région Grand Est, Jean Rottner, ont dénoncé «la disparition» de la bataille de Verdun des programmes d'histoire en classe de première.
M. Hazard a évoqué sur M6 «une faute historique, politique et morale». Des personnalités politiques de l'opposition, dont Marine Le Pen, ont vivement réagi. «Le gouvernement dépossède les Français de leur histoire glorieuse et foule aux pieds le sacrifice ultime de nos soldat», a tweeté la présidente du Rassemblement national. Les nouveaux programmes d'histoire pour la première (année d'étude de la guerre de 14-18 au lycée) listent dans les «points de passage et d'ouverture» plusieurs batailles: Tannenberg et la Marne en août et septembre 1914, l'offensive des Dardanelles en 1915, la bataille de la Somme en 1916 et la dernière offensive allemande en mars 1918. Mais pas Verdun.
Le vécu des soldats
Penser que l'on enseigne l'histoire sous la forme d'une liste de dates ou de batailles «est une conception désuète et peu productive intellectuellement», selon Nicolas Offenstadt, historien, spécialiste des guerres. Pour lui, cette polémique sur Verdun est motivée par des «raisons politiques, de valorisation locale (par les élus), ou de politique identitaire nationale. Mais cela ne répond en rien aux enjeux de l'enseignement». C'en est fini depuis longtemps de «histoire-bataille».
L'approche de la Première Guerre se fait à travers le vécu des soldats, des civils, des femmes à l'arrière, des violences à un peuple (tels que le génocide arménien), ajoute-t-il. Mais il ne s'agit pas d'«opposer l'histoire sociale et humaine à l'histoire chronologique car les deux s'entremêlent».
«Verdun est forcément un objet d'enseignement»
Le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer a réagi sur Twitter dimanche en écrivant que Verdun «sera évidemment étudiée en première». «Verdun, déjà étudié en 3e, est indissociable de la Somme», ajoute-t-il. Franck Schwab, enseignant dans un lycée de Nancy et responsable régional de l'association des professeurs d'histoire et géographie (APHG), «comprend le sentiment d'injustice» d'élus locaux de l'est de la France. «Mais il est évident que Verdun, une tragédie française, est incontournable dans l'étude de la Première Guerre mondiale. Il n'apparaissait pas non plus dans les programmes précédents mais cela ne nous empêchait pas d'en parler», relève-t-il.
«Verdun est forcément un objet d'enseignement, pas besoin que cela soit écrit explicitement», renchérit Thibaut Poirot. On ne peut pas étudier la bataille de la Somme sans parler de Verdun, rappelle-t-il. La Somme, offensive franco-britannique lancée en juillet 1916, répond en partie à l'objectif de desserrer l'étau allemand sur Verdun, qui avait démarré en février 1916, précise M. Poirot. Les nouveaux programmes «n'excluent en rien Verdun au profit de la Somme. Les événements sont liés les uns aux autres», note Nicolas Offenstadt.
(L'essentiel/afp)