Elections en Italie – La Chambre à gauche, le Sénat à droite

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Élections en ItalieLa Chambre à gauche, le Sénat à droite

La gauche italienne était donnée lundi en tête aux législatives pour la Chambre des députés, mais la droite de Berlusconi semblait l'emporter au Sénat, alimentant les craintes d'instabilité...

À la Chambre, la coalition de gauche emmenée par le dirigeant du Parti démocrate (PD) Pier Luigi Bersani récolterait 34,5% des votes, devançant la coalition de droite de Silvio Berlusconi donnée à 29%, font apparaître des sondages de la chaîne de télévision Sky TG-24. La gauche aurait ainsi la majorité absolue des sièges à la Chambre des députés, dont le système électoral donne une prime à la coalition arrivée en tête. Mais au Sénat c'est la coalition de droite emmenée par Silvio Berlusconi qui mène la danse, selon deux premières projections d'instituts de sondages.

Selon l'Institut Tecne pour la chaîne Sky, la droite aurait 31,9% et la gauche 28,7%. L'Institut Piepoli pour la RAI donne 31% à la droite contre 29,5% à la gauche. Une avance en voix qui ne se traduirait pas pour autant automatiquement en une majorité en sièges (la majorité absolue est à 158 sièges), car le système électoral du Sénat, très complexe, accorde une prime majoritaire au niveau de chaque région. Par exemple, les résultats de la Lombardie, région la plus riche et la plus peuplée, pèseront lourd dans la balance. La perspective de majorités opposées à la Chambre et au Sénat alimente les craintes des marchés financiers, qui redoutent plus que tout une instabilité gouvernementale dans la troisième économie de la zone euro, en récession et affligée d'une dette colossale (plus de 120% du PIB).

Monti à 10%

La Bourse de Milan est d'ailleurs tombée dans le rouge (-0,10%) aussitôt après la publication de projections favorables à la droite au Sénat, qui sont venues contredire de premiers sondages donnant la gauche victorieuse dans les deux chambres. Les sondages et projections font aussi état d'une forte poussée du vote protestataire: le parti de l'ex-comique Beppe Grillo, le Mouvement cinq étoiles (M5S), obtiendrait près de 20% des voix à la Chambre, devançant ainsi largement la coalition centriste emmenée par le chef du gouvernement sortant Mario Monti, qui n'arrive qu'en 4e position avec près de 10%. Le M5S serait en outre le premier parti au Sénat avec 25,1% des voix, devant le Parti démocrate (PD), principal mouvement de la gauche italienne donné à 25%, suivi du Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi, crédité de 22,7%. Après avoir voté lundi vers 10h GMT entouré d'une foule de journalistes, il a lancé: «L'histoire va changer un peu, on verra comment».

Catalyseur du malaise social d'un pays en pleine récession économique (-2,2% en 2012), il a séduit au-delà des clivages droite-gauche avec un programme jugé «populiste» par ses adversaires: fin du financement public des partis politiques, coupes sombres dans le nombre d'élus, revenu minimum de 1 000 euros et référendum sur l'euro. La crise et les mesures d'austérité imposées ces 15 derniers mois par le gouvernement technique de Mario Monti ont d'ailleurs énormément pesé sur ces élections. Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 en laissant une Italie au bord de l'asphyxie financière, avait effectué une remontée spectaculaire en promettant d'abaisser les impôts et même de rembourser une taxe foncière rétablie par le gouvernement Monti.

Quant au «Professeur» Monti, qui jouissait d'une solide popularité pour avoir rétabli la crédibilité de l'Italie, il a pâti des effets de sa politique d'austérité. En ce qui concerne le taux de participation, il s'établirait à 75,41% pour le vote à la Chambre des députés et à 74% au Sénat, selon les derniers chiffres disponibles, en baisse de plusieurs points par rapport au scrutin de 2008. Parallèlement au scrutin national, la gauche remporterait les élections partielles qui se déroulaient dans trois régions du pays, raflant notamment à la droite le Latium, où la gauche est très largement en tête avec 52% à 54% contre le candidat de la droite crédité de 28% à 30%.

(L'essentiel Online/AFP)

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