Cyclisme sur route – La cohabitation Nibali/Aru s'annonce délicate

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Cyclisme sur routeLa cohabitation Nibali/Aru s'annonce délicate

Le vainqueur du Giro s'apprête à faire équipe avec son cadet, lauréat de la dernière Vuelta, lors du prochain Tour de France. Une affaire qui semble compliquée.

Sur le papier, les rôles étaient répartis en début d'année au sein de la formation Astana. Le Giro pour Vincenzo Nibali, le Tour pour Fabio Aru qui devait bénéficier du soutien de son aîné dans sa découverte de la Grande Boucle. Avant de se retrouver en principe sous le maillot de la sélection nationale italienne aux JO de Rio, l'objectif déclaré du Sicilien. Mais la fin de Giro ébouriffante de Nibali, pour son deuxième succès dans l'épreuve, en parallèle avec le début de saison poussif d'Aru, a changé la perspective.

Le plan annoncé en début d'année par le manager d'Astana, le Kazakh Alexandre Vinokourov, devient tout à coup moins certain. Entre les deux coureurs, la mésentente est quasi publique. Aru (25 ans) n'a fait acte de sujétion à Nibali que lors de son premier grand tour, le Giro 2013. Depuis deux ans, il est monté en puissance (3e du Giro 2014, 2e en 2015) avant de gagner la Vuelta 2015 que Nibali a quitté très vite par la petite porte. «J'ai couru aussi avec Basso et je vois la différence. Elle est abyssale», a sèchement commenté Nibali en mars dans la Gazzetta dello Sport. «Fabio est souvent en colère, il devient irritable. Il ne demande rien, il ne vous prend pas en compte. Sa référence est Paolo Tiralongo, qui a couru avec des tas de leaders et qui a l'expérience».

Le doublé Giro-Tour presque impossible

Contrait de faire cohabiter dans le prochain Tour deux coqs dans un même poulailler, Vinokourov a déjà expliqué pendant le Giro: «Un Sicilien et un Sarde ont une mentalité différente. Aru a la tête dure mais Nibali aussi est capable d'une concentration extraordinaire». Puis le Kazakh a rappelé son plan: «Nibali a déjà démontré qu'il était un leader. Pour lui, l'or aux JO de Rio représenterait la consécration. Aru peut encore grandir. Ils ont des objectifs distincts». Interrogé sur son ambition au Tour, Nibali est resté volontairement évasif: «Je verrai comment je me sentirai. Le Giro a été éprouvant. Je sais qu'Aru se prépare très bien à Sestriere. Astana aura une grande équipe». «Pour moi, les JO de Rio sont l'objectif principal. Le parcours est très différent de celui de Londres, il me convient».

Mais Nibali sait aussi qu'un doublé Giro-Tour, jugé aujourd'hui pratiquement impossible (l'Espagnol Alberto Contador a échoué l'an passé), représenterait une forme d'Olympe dans le cyclisme. Un vainqueur du Giro, qui a gagné le Tour deux ans plus tôt, peut-il être cantonné à un rôle de lieutenant d'Aru, désormais sous pression? La question devrait trouver sa réponse en juillet sur les premières vraies difficultés du Tour, dans le Massif central ou plus probablement les Pyrénées. En fonction du degré de forme de chacun.

(L'essentiel/AFP)

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