Indignation en TurquieLa colère gronde après un meurtre sordide
La mort d'une étudiante de 20 ans, violée, assassinée puis brûlée, a soulevé une vague d'indignation dans le pays. Le régime de Recep Tayyip Erdogan est accusé d'incurie.

Portée disparue le 11 février, Özgecan Aslan a été retrouvée morte deux jours plus tard dans une rivière de sa ville natale de Tarsus (sud). Selon le récit de la presse locale, la jeune femme a été violée, puis tuée à coups de barre de fer par le chauffeur du minibus qui la ramenait de l'université à son domicile.
Aidé de deux complices, dont son propre père, le violeur présumé, Ahmet Suphi Altindoken, a ensuite coupé les mains de sa victime et mis le feu au corps pour faire disparaître toute trace d'ADN. Rapidement identifiés, les trois suspects ont été interpellés par la police et sont passés aux aveux.
Des manifestations politiques
Depuis la découverte du corps de la jeune femme, des milliers de personnes, femmes et hommes confondus, sont descendues dans les rues des grandes villes de Turquie. Elles ont exprimé leur colère et surtout dénoncé la recrudescence inquiétante dans leur pays des violences contre les femmes.
Lundi, les associations féministes ont appelé les Turques à porter le deuil. Les réseaux sociaux débordent de messages de révolte exhortant les victimes à sortir du silence, regroupés sous le mot-clé «#sendeanlat» («toi aussi raconte» en turc).
Depuis l'enterrement vendredi de l'étudiante, les manifestations d'indignation ont pris un tour très politique. Comme elle l'avait fait en mai 2014 après la catastrophe minière de Soma (301 morts) pour critiquer sa responsabilité dans la course au profit, l'opposition a profité de ce fait divers pour mettre en cause le gouvernement.
(L'essentiel/ats)