Selon l'ONULa Corée du Nord doit répondre de ses «crimes»
Il est «impératif» que les dirigeants nord-coréens rendent compte de leurs actes devant la justice internationale, a déclaré vendredi, à Séoul, un enquêteur des Nations unies.

Selon Marzuki Darusman, de nombreux Coréens ont été «graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols».
Marzuki Darusman, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Corée du Nord, estime qu'en laissant impunis les crimes perpétrés avant son arrivée au pouvoir, le numéro un nord-coréen Kim Jong-un s'en rend «complice». L'Assemblée générale des Nations unies pourrait être saisie la semaine prochaine d'un projet de déclaration défendu par l'Union européenne et le Japon proposant au Conseil de sécurité de poursuivre les dignitaires nord-coréens devant le Tribunal pénal international (TPI) pour crimes contre l'humanité.
Le texte va au-delà des dénonciations habituelles, en s'appuyant sur le rapport accablant d'une commission d'enquête de l'ONU. Malgré les dénégations de Pyongyang, cette commission estime que «des centaines de milliers de prisonniers politiques ont péri dans des camps pendant les 50 dernières années», «graduellement éliminés par des famines délibérées, le travail forcé, les exécutions, la torture, les viols». Les décisions de l'Assemblée générale sont non contraignantes mais plus faciles à obtenir qu'au Conseil car aucun pays n'y dispose d'un droit de veto. La Corée du Nord s'est engagée dans une contre-offensive diplomatique pour faire obstacle à ce projet, offrant même d'accueillir les enquêteurs de l'ONU si la référence au TPI était abandonnée.
«Plus que jamais, il est fondamental de rester ferme»
Et Kim Jong-un va prochainement dépêcher en Russie un homme de confiance pour tenter de s'assurer du soutien de Moscou, a rapporté vendredi l'agence officielle nord-coréenne. Choe Ryong-Hae doit se rendre à Moscou, puis à Khabarovsk et Vladivostok, dans l'Extrême orient russe. Au menu de la visite du responsable nord-coréen à Moscou: «Relations bilatérales, notamment l'établissement d'un dialogue politique à un niveau plus élevé», la situation dans les Corées et dans la région, ainsi que «plusieurs problèmes internationaux», selon le ministère russe des Affaires étrangères. «Que les choses soient claires: il est impératif de faire rendre des comptes» aux dirigeants nord-coréens, a lancé Marzuki Darusman, lors d'une conférence de presse.
«Plus que jamais, il est fondamental de rester ferme» sur cette exigence, a-t-il dit. La commission d'enquête dont Darusman est membre a recensé des crimes «massifs» perpétrés avant la mort de Kim Jong-il en décembre 2011 auquel son fils, Jong-un, a succédé. «Mais ce type de crimes n'a pas disparu», selon l'enquêteur. «Informé de ces violations sans pour autant agir en conséquence, (Kim Jong-un) se rend coupable de complicité de crimes contre l'humanité», a-t-il martelé. Saisir le TPI exigerait une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies.
Or la Russie et la Chine, principale alliée de Pyongyang, disposent chacune d'un droit de veto et s'opposeraient vraisemblablement à une telle initiative. «Ce ne serait pas une surprise», a reconnu M. Darusman. Interrogé vendredi sur le sujet lors d'une conférence de presse, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a indiqué que Pékin favorisait le dialogue. «Nous sommes opposés au fait de politiser les droits de l'Homme et de faire pression sur des pays au prétexte des droits de l'Homme», a déclaré Hong Lei.
(L'essentiel/AFP)