Jean-Pierre Masseret«La Lorraine doit exister par elle-même»
METZ - La Lorraine prend ce lundi la présidence de la Grande Région pour deux ans. Quelles sont les ambitions de Jean-Pierre Masseret?

Il faut «susciter l'intérêt de Bruxelles pour la Grande Région». (AFP)
L'essentiel: On ne vous voit pas souvent au Luxembourg. Pourquoi?
Jean-Pierre Masseret, président de la Région Lorraine: C'est exact. Mais on travaille sur des dossiers concrets. Le conseil régional n'a jamais été absent. Il y a une rumeur qui court selon laquelle je ne m'intéresse pas à la question frontalière. C'est faux! Mais il faut aussi que la Lorraine existe par elle-même. Je ne veux pas être un renfort ponctuel du Luxembourg.
Les trains entre le Luxembourg et la Lorraine restent un vrai problème...
A priori, nous avons le matériel roulant suffisant. Le problème se situe avec la SNCF. Nous avons une convention pour 200 millions d'euros par an. À ce prix-là, on est en droit d'attendre qu'elle soit respectée en ce qui concerne la qualité de service, la ponctualité des trains, leur propreté et leur entretien. Cependant, le rail peut encore être amélioré entre la France et le Luxembourg avec le doublement de la voie Luxembourg-Bettembourg. Mais le début des travaux n'est prévu qu'à l'horizon 2013.
Et côté route?
Nous menons plusieurs réflexions concernant les parkings de délestage à la frontière luxembourgeoise mais aussi concernant les lignes de bus directes. Le défi consiste à amener les usagers à toute proximité de leur lieu de travail. Nous poursuivons aussi nos efforts sur des titres de transport uniques pour la Grande Région.
Quelle complémentarité attendre entre le Luxembourg et la Lorraine?
Le différentiel fiscal et social entre le Grand-Duché et la France est énorme. Une commission franco-luxembourgeoise a été créée l'an dernier entre les ministres concernées (NDLR: Pierre Lellouche pour la France et Jean-Maris Halsdorf pour le Grand-Duché) pour évoquer ces questions.
Elle ne s'est encore jamais réunie...
Nous pouvons en revanche mettre la formation lorraine au service de l'économie luxembourgeoise. Le Grand-Duché pourrait cofinancer certaines formations.
Un mot sur Belval-Micheville?
L'Opération d'intérêt national doit encore être publiée au Journal officiel puis l'Établissement public d'aménagement créé. Mais combien d'argent sera mis sur la table par l'État? On est encore dans le flou.
Vous prenez la présidence de la Grande Région pour deux ans. Quels seront vos axes de travail?
Il faut y aller sans complexe et avec les outils à notre disposition. Nous souhaitons inciter les entreprises et les universités de la Grande Région à collaborer, tisser des réseaux. Le rôle des organes de la Grande Région est de faciliter un certain nombre de choses pour que ça se réalise.
Surtout, nous devrons défendre les intérêts de la Grande Région à Bruxelles. Susciter l'intérêt de Bruxelles pour la Grande Région en développant des projets frontaliers de qualité pour émarger de nouvelles lignes budgétaires. En ce sens, le projet Metroborder qui veut développer les pôles urbains dans la Grande Région autour de la mobilité, de la culture et des universités est essentiel.
Recueilli par Patrick Théry
La présidence de la Grande Région passe à la Lorraine
VÖLKLINGEN - Alors que la Sarre a assumé la présidence de la Grande Région ces deux dernières années, ce lundi, les politiques se retrouvent pour une passation de pouvoir. C'est la Région Lorraine et le président du conseil régional de Lorraine, Jean-Pierre Masseret, qui vont en assumer la direction pour deux ans.