AéronautiqueLa Lorraine soutient toujours le Skylander
METZ - La Lorraine «n'abandonne pas» le projet Skylander de Geci International malgré le désengagement de l'Etat, a affirmé le président de la région, lundi à Metz.

De nombreux rebondissements ont déjà jalonné la route du Skylander. Et le feuilleton se poursuit. Alors que les pouvoirs publics sont revenus sur leur engagement à financer le nouvel avion, le président de la région, Jean-Pierre Masseret, a annoncé ce lundi que la Lorraine soutenait le projet, malgré la situation actuelle. «C'est un risque que j'assume pour le renouveau industriel en Lorraine», a expliqué le président socialiste qui confirme que «cet avion volera» à tous prix... même s'il faut l'assembler «ailleurs» qu'à Chambley.
Vendredi, Geci International avait annoncé que l'accord avec l'Etat était caduc après un audit faisant apparaître un besoin de financement d'environ 200 millions d'euros jusqu'aux premières livraisons de cet avion à hélice. L'Etat, la région Lorraine et des investisseurs privés s'étaient engagés début février à financer le programme sur la base de dépenses ne dépassant pas 120 millions d'euros.
«Pas de débat»
«Ce dossier s'invite dans la présidentielle. Il est déterminant dans l'exemplarité de ce qui peut être fait comme politique industrielle, alors que tous les candidats parlent de la réindustrialisation de la France», a estimé M. Masseret lors d'une conférence de presse. «Le Conseil régional n'abandonne donc pas le dossier Skylander, nous en faisons un enjeu national de la politique industrielle», a-t-il dit, estimant que l'audit confirmait la qualité technique du projet ainsi que l'existence d'un marché.
«L'audit fait état d'une différence de 20, 30 ou 40 millions d'euros? Cela n'est pas à la hauteur du débat. On parle d'un chiffre d'affaires de plusieurs milliards, des centaines d'emplois», a-t-il poursuivi. Le PDG de Geci International, Serge Bitboul, a pour sa part considéré que «l'estimation des experts est réellement excessive», affirmant que son groupe poursuivait «une renégociation avec l'Etat sur d'autres bases». «Je suis extrêmement serein sur la finalisation du bouclage financier du Skylander», a-t-il ajouté.
1 500 avions prévus
L'avion Skylander, dont le programme a déjà été décalé, est censé pouvoir décoller et atterrir dans des conditions difficiles. Une compagnie russe, Aviamost, s'est d'ores et déjà dite intéressée. En désaccord avec les préconisations des experts, Geci International compte toujours produire «1 500 avions, répartis en 1 000 avions civils de remplacement des flottes actuelles, 200 avions civils liés à la croissance du marché et 300 avions de mission». L'avionneur annonce 14 contrats fermes dont 12 pour la Malaisie. Geci serait également en négociation avec Aviapribor pour 140 avions.
L'audit du programme mise sur seulement 1 000 appareils, au rythme de 48 avions fabriqués par un, une cadence que Geci juge trop faible. Par ailleurs, selon le communiqué, les experts préconisent une «remise commerciale», ce que n'envisage pas d'appliquer Geci, maintenant un objectif de prix de vente catalogue de 6,7 millions de dollars par avion. Les titres de l'avionneur et de sa filiale Geci Aviation avaient été suspendus à la Bourse de Paris vendredi en fin de matinée, à la demande du groupe. «Pour des raisons techniques» non précisées, leur cotation ne reprendra que mardi.
(JV/L'essentiel Online avec AFP)