A Madagascar – «La peste tue très vite et c'est très contagieux»

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À Madagascar«La peste tue très vite et c'est très contagieux»

L'île de Madagascar craint de revivre une épidémie de peste comme en 2017. Elle avait fait plus de 200 morts et provoqué la panique dans tout le pays.

Des gens avaient peur de venir à l'hôpital de crainte d'attraper la peste.

Des gens avaient peur de venir à l'hôpital de crainte d'attraper la peste.

AFP

La peste n'est plus aujourd'hui en mesure d'éliminer un tiers d'une population, comme lors de l'épidémie qui a balayé l'Europe au XIVe siècle. Mais elle n'a pas disparu pour autant. Elle reste endémique dans certains pays africains. À Madagascar, un des pays les plus pauvres de la planète, la bactérie Yersinia pestis, transportée par les rats et transmise à l'homme par leurs puces, réapparaît chaque hiver austral (avril-septembre). En moyenne, 300 à 600 cas sont recensés.

La saison 2017 a fait exception. Plus précoce, l'épidémie, d'ordinaire cantonnée aux campagnes, a infesté les villes. Les autorités ont dénombré 202 morts et 2 384 cas, dont une majorité de la version pulmonaire de la peste, la plus virulente. L'annonce des premiers cas à Antananarivo ou à Tamatave (est) a causé un vent de panique.

La peur

À la tête du service des maladies infectieuses d'un hôpital d'Antananarivo, le professeur Mamy Randria s'est trouvé aux avant-postes de la «guerre» contre la contagion en 2017. De ce long «calvaire», il se souvient d'abord de l'inquiétude qui s'est emparée de ses troupes lorsqu'elles ont connu le nom de leur ennemie: «Ils étaient effrayés par la réputation de la peste. Ça tue très vite et c'est très contagieux», dit-il. Une fois qu'il a réussi à rassurer puis à organiser son service pour riposter à la maladie, le médecin a dû composer avec une autre angoisse, celle de la population.

«Des gens avaient peur de venir à l'hôpital de crainte d'attraper la peste», poursuit le Pr Randria. De nombreuses familles de victimes se sont aussi plaintes d'avoir été montrées du doigt, discriminées. Le soupçon n'a pas épargné les soignants. «Des médecins qui traitaient la peste ont été obligés par leur femme ou conjoint de faire chambre à part», insiste le chef de service. La peur, encore.

(L'essentiel/AFP)

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