Au LuxembourgLa Place financière risque d'être «sous pression»
LUXEMBOURG - Même si son activité reste soutenue, la Place financière pourrait pâtir à terme de l’érosion de la rentabilité des banques et de la digitalisation.

«La transition numérique ne doit pas faire peur mais il y aura une transformation profonde des divers métiers», prévient Claude Marx (au centre), directeur général de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF).
Pour l’heure, «l’environnement est globalement positif», a souligné jeudi Claude Marx, directeur général de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), dont il présentait le bilan pour 2018. L’an dernier, l’activité des banques au Luxembourg est restée soutenue. Sur fond de Brexit, le pays a continué de susciter l’intérêt des investisseurs étrangers. Il est même resté numéro 2 mondial en matière de fonds d’investissement.
«Les banques ont suffisamment de marge pour survivre encore quelques années», glisse pour sa part Claude Wampach, directeur en charge de la surveillance du secteur bancaire à la CSSF. Comme pour rassurer. Car le secteur doit aussi composer avec quelques inquiétudes. «Nous sommes vigilants par rapport à la rentabilité des banques, qui baisse», précise Claude Marx. En 2018, de nombreux établissements ont enregistré des coûts supérieurs aux revenus. Par conséquent, le résultat net global du secteur a baissé de 3,2% par rapport à 2017.
«La transition numérique ne doit pas faire peur»
Les taux d’intérêt à un niveau très bas expliquent en grande partie la tendance. À ce titre, la CSSF fait très attention à la situation du marché immobilier national et, de facto, au risque de surendettement des ménages. Mais l’érosion de la rentabilité est aussi liée à la hausse des investissements dans les technologies et la digitalisation, qui devrait provoquer à moyen terme une véritable mue du secteur financier luxembourgeois.
«La transition numérique ne doit pas faire peur mais il y aura une transformation profonde des divers métiers», prévient d’ailleurs Claude Marx, rappelant que «50 000 personnes sont directement employées» par les entités financières surveillées par la CSSF au Grand-Duché. Des banques aux fonds d’investissement, en passant par les établissements de paiement. «L’emploi sera sous pression, certaines tâches robotisées, d’autres sous-traitées», insiste le directeur de la CSSF, qui indique néanmoins que la «digitalisation doit contribuer à un système financier plus efficace, moins cher et moins vulnérable». Même si le Luxembourg doit voir les recettes fiscales générées par la Finance diminuer.
Pour accompagner ce changement et s’adapter à une réglementation toujours plus stricte, notamment en matière de blanchiment et de financement du terrorisme, la CSSF se met progressivement au diapason. Elle compte aujourd’hui 875 agents (contre 124 en 1998), dont plus de 200 recrutés au cours des deux dernières années. Et dispose maintenant de 6 500 m² supplémentaires au sein du bâtiment Moonlight, route d’Arlon, qui seront inaugurés ce jeudi soir, en présence du Premier ministre, Xavier Bettel.
(Nicolas Chauty/L'essentiel)