Procès Merah – «La raison l'a emporté sur l'émotion»

Publié

Procès Merah«La raison l'a emporté sur l'émotion»

La presse estime jeudi que «la justice est passée» avec «la simple application du droit» au lendemain de la condamnation d'Abdelkader Merah à 20 ans de prison.

Abdelkader Merah a écopé de la peine maximale pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Abdelkader Merah a écopé de la peine maximale pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

AFP

La cour d'assises spéciale de Paris a condamné, jeudi, Abdelkader Merah pour association de malfaiteurs terroriste, mais l'a acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés par son frère Mohamed. «Il y a jugement et jugement. La justice telle que la souhaiterait la rue n'a souvent rien à voir avec celle qui se joue dans les prétoires. D'un côté, c'est le cœur qui parle. De l'autre la stricte application du droit», résume Christophe Bonnefoy, du Journal de la Haute-Marne.

«La Cour d'assises spéciale a tranché. Chacun pourra lire ce qu'il veut dans cette décision. Mais le verdict impose un constat: la justice est passée», juge dans l'Est Républicain, Philippe Marcacci. Pour ce dernier: «La raison l'a emporté sur l'émotion. Les juges ont pleinement joué leur rôle». «Rendre justice et rendre LA justice ne relèvent pas tout à fait de la même nature. La tâche n'était pas aisée», rappelle Denis Daumin, de La Nouvelle République du Centre-Ouest. «Ce verdict dit le droit, rien que le droit», assure de son côté Pascal Coquis, des Dernières Nouvelles d'Alsace.

«Sans haine ni crainte»

«L'opinion est une chose. La justice en est une autre», explique Eric Marty, du Midi Libre. «Beaucoup commenté, évidemment clivant, le verdict permet de rappeler des règles essentielles, la sérénité et le temps doivent présider avant tout jugement. La rigueur nécessaire pour condamner sévèrement». «L'histoire retiendra qu'à la fin de l'énoncé du verdict, malgré une tension irrespirable, la salle s'est vidée dans le calme absolu. C'est peut-être à cela, finalement, que l'on détermine la justesse d'une décision judiciaire», note Willy Le Devin, en pages intérieures de Libération.

Pour Jean Chichizola, du Figaro, «ce verdict illustre les doutes et les interrogations au fil des débats, particulièrement sur les éléments de preuve retenus contre Abdelkader Merah pour la complicité d'assassinat». «Voici le terrorisme d'intention, l'assassinat par manipulation désormais cernés, définis et châtiés, sans haine ni crainte. L'affichage de cette force calme et déterminée est à l'honneur de l'institution judiciaire et de la République elle-même», conclut Denis Daumin (NRCO).

La cour d'assises spéciale de Paris a condamné jeudi Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle, la peine maximale pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, mais l'a acquitté du chef de complicité des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed. Fettah Malki, reconnu coupable d'avoir vendu l'arme et le gilet pare-balles à Mohamed Merah en connaissant sa radicalisation, a écopé de 14 ans de prison, également pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

(L'essentiel/AFP)

Ton opinion