Nouvel album – La rappeuse Chilla livre un pudique hymne à l'amour

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Nouvel albumLa rappeuse Chilla livre un pudique hymne à l'amour

Chilla, 25 ans, publie vendredi un nouvel album, «Mun», très différent du premier, sorti il y a deux ans. Ce ne sont notamment pas les mêmes thèmes qui sont abordés.

Chilla s'impose peu à peu dans le monde du rap.

Chilla s'impose peu à peu dans le monde du rap.

AFP/Joel Saget

«J’ai l’impression d’avoir passé le cap de beaucoup de pudeur, de tabous», raconte la rappeuse Chilla, alors qu'elle publie vendredi un deuxième album. Il était jusqu'ici «inenvisageable de parler d’amour» pour la rappeuse-chanteuse de 25 ans, qui oscille de façon très contemporaine entre rap, R&B et variété. Deux ans après son premier opus, l'album «Mun» est «un projet dans lequel l’amour est le sujet quasi principal». Dans «Cœur sombre», Chilla place aussi «un big up aux queutards»: «On se plaint souvent de ces mecs qui ne cherchent que le sexe, mais c’est parfois des comportements de protection», raconte Chilla.

La rappeuse raconte aussi les doutes qui la traversent dans le passage à l'âge adulte, dans son éclosion en tant qu'artiste. Née Mareva Rana, elle a grandi à Gex, dans l'Ain, avec des parents éducateurs spécialisés qui travaillaient en Suisse. Elle terminait son premier album sur un hommage à son père décédé. «J’ai eu une partie de ma vie aisée, puis j’ai bouffé la réalité», raconte-t-elle. «À la base, j’écris pour régler mes problèmes, et avec "Mun", j'ai l’impression de faire rentrer les gens dans ma chambre. Cela a été un processus analytique, thérapeutique», raconte Chilla.

Héritière de Diam's

Musicalement, «Mun» est plus homogène que son premier album, avec un seul compositeur aux manettes pour la quasi-totalité des 17 titres: le jeune Fleetzy, déjà auteur de morceaux pour Kery James ou Jok'Air. Produite par un poids lourd du genre, Tefa (Diams's, Sniper, Vald, Fianso), Chilla a misé sur des morceaux comme «1er jour d'école» ou «Oulala», et des collaborations avec la star martiniquaise Kalash ou l'expérimenté Youssoupha, pour continuer à monter. Dans un océan d'artistes rap chargés en testostérone, sa voix de femme détonne. Chilla s'est fait une culture rap en regardant les clips de rap.

Chilla se félicite d'arriver dans un monde où «le rap, c'est la pop»: «Je ne me suis pas dit: je suis une meuf, ça va être compliqué. Je me suis dit que ça allait être easy mais qu’il faudrait travailler trois fois plus. Si Diam’s en est arrivée là, c’est parce que son niveau dépassait celui de moult rappeurs», rappelle celle qui est l'une de ses héritières. Chilla explique avoir, dans un premier temps, «complètement bridé sa féminité». Elle mettait plutôt en avant sa colère: Chilla s'est fait remarquer ces dernières années avec plusieurs raps féministes. Avec ce deuxième album, Chilla grandit aussi en tant qu'artiste, exigeante, hyperactive, en contrôle, en studio comme sur le tournage d'un clip en banlieue parisienne.

(L'essentiel/afp)

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