La Silicon Valley Bank s’effondre et fait trembler Wall Street

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États-UnisLa Silicon Valley Bank s’effondre et fait trembler Wall Street

La fermeture de la Silicon Valley Bank, plus grande faillite bancaire aux États-Unis depuis la crise financière de 2008, a fait souffler un léger vent de panique sur les marchés.

La disparition de la Silicon Valley Bank représente la deuxième plus grosse défaillance d’une banque de détail aux États-Unis.

La disparition de la Silicon Valley Bank représente la deuxième plus grosse défaillance d’une banque de détail aux États-Unis.

AFP

La Silicon Valley Bank (SVB), une banque californienne, a été fermée vendredi par les autorités américaines et l’Agence américaine de garantie des dépôts (FDIC) a pris le contrôle de l’établissement, qui devrait rouvrir lundi sous un nouveau nom. La banque ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, principalement des acteurs de la tech, et ses ultimes tentatives de lever de l’argent frais n’ont pas abouti.

Cryptomonnaie chahutée

La cryptomonnaie USDC, dite «stable» car théoriquement indexée sur le dollar, a été chahutée dans la nuit de vendredi à samedi après que son créateur, Circle, a annoncé avoir laissé 3,3 milliards de dollars dans les caisses de la banque en faillite SVB. 

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a convoqué plusieurs régulateurs du secteur de la finance vendredi pour évoquer la situation, leur rappelant qu’elle avait «pleine confiance» dans leur capacité à prendre les mesures appropriées et estimé que le secteur bancaire restait «résilient».

Clients nerveux

SVB s’était spécialisée dans le financement des start-up et était devenue la 16e banque américaine par la taille des actifs: fin 2022, elle comptait 209 milliards de dollars d’actifs et environ 175,4 milliards de dépôts. Sa disparition représente non seulement la plus grande faillite bancaire depuis celle de Washington Mutual en 2008, mais aussi la deuxième plus grosse défaillance d’une banque de détail aux Etats-Unis.

Devant le siège de la banque à Santa Clara vendredi, quelques clients se demandaient comment ils pouvaient accéder à leurs fonds, certains tentant de deviner ce qui se passait à travers les portes vitrées. Sur la devanture, un papier de la FDIC indiquait qu’ils pourraient, à partir de lundi, retirer jusqu’à 250’000 dollars. «Ce n’est pas bon. Beaucoup des plus grandes (sociétés de capital-rique) ont des dépôts très élevés ici», a remarqué un client n’ayant pas souhaité donner son nom.

Sur les marchés, le mouvement de panique a débuté jeudi, après que SVB eut annoncé qu’elle cherchait à lever rapidement du capital pour faire face aux retraits massifs de ses clients, sans y parvenir, et avoir vendu pour 21 milliards de dollars de titres financiers, en perdant 1,8 milliard de dollars au passage.

Répercussions sur les banques

L’annonce a surpris les investisseurs et a ravivé les craintes sur la solidité de l’ensemble du secteur bancaire, notamment avec la rapide montée des taux d’intérêt qui fait baisser la valeur des obligations dans leurs portefeuilles et renchérit le coût du crédit. Les quatre plus grandes banques américaines ont perdu 52 milliards de dollars en Bourse jeudi et dans leur sillage, les banques asiatiques puis européennes ont flanché.

A Paris, Société Générale a perdu 4,49%, et Crédit Agricole 2,48%. Ailleurs en Europe, la banque allemande Deutsche Bank a lâché 7,35%, la britannique Barclays 4,09% et la suisse UBS 4,53%. A Wall Street, les grandes banques se sont ressaisies vendredi après la déroute de la veille - JPMorgan Chase a ainsi pris 2,54%. Des banques de taille moyenne ou plus concentrées sur un type de clients étaient en revanche davantage dans la tourmente, First Republic lâchant par exemple près de 15%.

Garde-fous

«Comme c’est souvent le cas dans la finance, le problème n’est pas venu de là où on l’attendait», explique Alexander Yokum, du cabinet CFRA. «Beaucoup d’observateurs se posaient des questions sur la dette qui s’accumule sur les cartes de crédit ou sur le marché de l’immobilier de bureau. On ne s’attendait pas à un bank run», une réaction en chaîne qui débute par des retraits massifs de clients. Stephen Innes, de SPI Asset Management, se veut rassurant, estimant «faible», dans une note, le risque «d’un incident de capital ou de liquidités parmi les grandes banques».

Depuis la crise financière de 2008/2009 et la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les banques doivent donner des gages renforcés de solidité à leurs régulateurs nationaux et européens. Pour les analystes de Morgan Stanley, «les pressions de financement auxquelles la SVB est confrontée sont très particulières» et les autres banques ne font pas face à une «pénurie de liquidités».

(AFP)

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