Secret bancaireLa Suisse craint la perte de 20 000 emplois
Le patron d'UBS, la première banque suisse, Sergio Ermotti, s'attend à ce que la place financière suisse perde 20 000 emplois ces prochaines années.

Sergio Ermotti, le patron d'UBS, craint la perte de 20 000 emplois dans le secteur bancaire suisse ces prochaines années.
Sergio Ermotti invoque pour raison dans une interview parue dimanche dans le journal SonntagsZeitung la «guerre économique» menée par l'Union européenne et les Etats-Unis contre la Suisse et ses deux grandes banques, UBS et Credit Suisse.
«La Suisse est attaquée depuis 2008. Nous sommes coincés au milieu d'une guerre économique», a déclaré M. Ermotti, dénonçant les assauts contre le secret bancaire suisse. «L'idée est d'affaiblir les deux grandes banques suisses, qui ont du succès sur le plan international», a-t-il ajouté.
«Blanchiment de fraude fiscale»
Pour le nouveau patron d'UBS, cette guerre économique va se traduire par une perte des actifs gérés par les banques suisses, qui devront s'adapter en réduisant les coûts et en procédant à des processus de fusions et acquisitions. En conséquence, «je m'attends à ce que la place financière suisse perde environ 20% des postes de travail ces prochaines années, soit 20 000 emplois», a déclaré M. Ermotti.
Une information judiciaire a été ouverte le 12 avril par le parquet de Paris sur les pratiques d'UBS en France, soupçonnée notamment de «blanchiment de fraude fiscale». Cette ouverture d'une information judiciaire intervient dans une période particulièrement sensible pour UBS et la Suisse. Berne essaie en effet de mettre en place des accords fiscaux avec ses partenaires pour mettre un terme à l'évasion fiscale et normaliser ses relations avec ses voisins.
Des accords, des blocages et des poursuites
De tels accords ont été signés avec l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Autriche, mais les négociations sont bloquées côté français, notamment en raison de la campagne électorale. En outre, aux Etats-Unis, 11 banques suisses sont poursuivies par la justice américaine pour avoir encouragé leurs clients à placer chez elles des fonds non déclarés. Les deux pays sont actuellement en pourparlers pour signer un accord permettant de clôturer ce dossier.
La présidente suisse et ministre des Finances du pays, Eveline Widmer-Schlumpf, s'est d'ailleurs entretenue samedi à ce sujet avec le ministre américain de la justice, Eric Holder, en marge de l'assemblée de printemps du Fonds monétaire international (FMI) qui s'est tenue à Washington. «Ils ont convenu de continuer à rechercher toutes les solutions possibles permettant d'identifier les contribuables américains qui détiennent des comptes non déclarés en Suisse», indique le ministère des Finances suisse dans un communiqué.
(L'essentiel Online / AFP)