Athlétisme – La testostérone de Caster Semenya fait encore débat

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AthlétismeLa testostérone de Caster Semenya fait encore débat

Exclure l'athlète sud-africaine Caster Semenya, qui produit trop de testostérone, revient à interdire les basketteurs très grands, selon deux spécialistes.

South Africa's Caster Semenya competes to win the women's 800 metres during the IAAF Diamond League "Weltklasse" athletics meeting at the Letzigrund stadium in Zurich on August 30, 2018. (Photo by Fabrice COFFRINI / AFP)

South Africa's Caster Semenya competes to win the women's 800 metres during the IAAF Diamond League "Weltklasse" athletics meeting at the Letzigrund stadium in Zurich on August 30, 2018. (Photo by Fabrice COFFRINI / AFP)

AFP/Fabrice Coffrini

Exclure la coureuse sud-africaine Caster Semenya des pistes d'athlétisme, car elle produit naturellement trop de testostérone, serait aussi peu scientifique qu'interdire à un basketteur de jouer parce qu'il est trop grand, estiment jeudi deux scientifiques dans la revue médicale «BMJ». «Pour devenir un bon athlète, il faut bien plus qu'un haut niveau de testostérone, une grande taille ou de grands pieds, qui peuvent tous être considérés comme un avantage génétique», a déclaré à l'AFP l'une des deux signataires, Cara Tannenbaum, professeur de médecine et de pharmacie à l'université de Montréal (Canada).

Le Tribunal arbitral du sport (TAS) doit trancher d'ici le 26 mars un litige entre Caster Semenya et la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF). La double championne olympique du 800 m conteste un règlement de l'IAAF, qui impose aux femmes «hyperandrogènes» de faire baisser, avec des médicaments, leur taux de testostérone pour participer aux épreuves internationales du 400 m au mile (1 609 m). L'IAAF estime que leur taux élevé de testostérone (hormone mâle aussi utilisée comme produit dopant) les avantage par rapport aux autres concurrentes.

«Un précédent sans fondement scientifique»

Ce règlement «risque d'instaurer un précédent sans fondement scientifique pour d'autres types d'avantages génétiques», écrivent dans le BMJ Cara Tannenbaum et la docteur Sheree Bekker, de l'université de Bath (Angleterre). «Si on exclut des courses les femmes athlètes qui ont génétiquement de hauts niveaux de testostérone, empêchera-t-on aussi les hommes extraordinairement grands de jouer au basket?», s'est interrogée la Pr. Tannenbaum auprès de l'AFP.

Selon elle, ce raisonnement pourrait également s'appliquer au Jamaïquain Usain Bolt, aujourd'hui retraité mais qui a archi-dominé le sprint pendant près de dix ans. «Cela n'aurait eu aucune base scientifique de l'exclure des Jeux olympiques» en raison de son patrimoine génétique hors du commun, a-t-elle jugé. «Devenir un ou une athlète performant(e) nécessite des milliers d'heures d'entraînement, de la concentration, de la discipline, de l'équipement, et ce ne serait pas scientifique d'exclure un sportif ou une sportive sur la base d'un unique facteur génétique», a insisté la Pr. Tannenbaum.

(L'essentiel/nxp/afp)

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