Bande dessinée«La vie des marins était vraiment dure»
«Vent debout» propose une adaptation en BD du roman de Joseph Conrad «Le Nègre du Narcisse».
L'essentiel: Pourquoi avez-vous craqué sur ce roman de Joseph Conrad?
Renaud De Heyn: Quand je l'ai lu, j'ai eu immédiatement plein d'images en tête. Cela m'a donné l'envie de l'adapter en BD. On pouvait aussi bien dessiner la mer que la vie à bord.
Comment avez-vous découvert «Le Nègre du Narcisse»?
Par hasard et par goût de la littérature de voyage. Capitaine au long cours avant d'être écrivain, Joseph Conrad a raconté son premier grand voyage en mer, à la fin du XIXe siècle, comme matelot. Son livre est un portrait réaliste de la vie humaine à bord des derniers grands voiliers.
«Vent Debout» est un huis clos éprouvant.
Les voyages sur ces grands voiliers étaient incroyablement durs. Les marins vivaient à la dure dans une promiscuité épouvantable.
Parmi les matelots, il y a Jacques Patience...
C'est le seul homme de couleur à bord. Déchiré par une toux incessante, il est malade et se fait porter pâle. Son personnage me fascine parce qu'il a une force incroyable pour résister à tout ce qui se passe sur le bateau et dans un environnement qui ne lui est certainement pas favorable.
Qu'éprouvez-vous pour Jacques Patience?
Je ne dirais pas de la pitié parce que le mot est trop fort. Si je n'aime pas sa prétendue arrogance, j'ai fini par comprendre quels peuvent en être les ressorts. Et puis, c'est un homme aux abois, un homme qui doit peu à peu faire face à la mort. Si parfois il suscite mon incompréhension, j'ai aussi beaucoup de compassion à son égard.
En combien de temps avez-vous dessiné les 104 pages de «Vent debout»?
Cela m'a pris deux ans! C'était un travail prenant, parfois fastidieux. Pendant que je dessinais l'album, je dessinais aussi le ciel dans mon atelier. C'était un véritable défouloir.
C'est votre première BD chez Casterman...
C'est que du bonheur et c'est aussi l'assurance, à travers une bonne distribution, de pouvoir toucher un maximum de lecteurs.