Mossoul après l'EILa ville de Mossoul a été détruite en grande partie
L'ONU a dépêché des dizaines d'experts en élimination d'explosifs qui s'aventurent dans la vieille ville de Mossoul pour permettre aux millions de déplacés de rentrer chez eux.

Mossoul, deuxième plus grande ville d'Irak avec 2 millions d'habitants, est restée trois années sous le joug de l'organisation État islamique. Conquise par les terroristes à l'été 2014, elle n'a été reprise par l'armée irakienne qu'en 2017, après des combats et des bombardements qui l'ont passablement détruite. Le Service de l'action antimines des Nations Unies (UNMAS) a publié cette semaine un rapport qui revient sur les actions menées pour permettre aux habitants ayant fui les combats de rentrer chez eux... en sécurité. «J'ai visité de nombreux pays après des conflits: l'Afghanistan, les Balkans... Mais je n'ai jamais vu une partie d'une ville pulvérisée à ce point», explique le responsable des programmes du Service de la lutte antimines des Nations Unies (SLAM/UNMAS), Paul Heslop.
1. Une vieille ville déserte
L'économie de cette ville du nord de l'Irak, autrefois florissante, a été dévastée par ces années de conflit. La vieille ville est maintenant déserte, recouverte de millions de tonnes de gravats parsemés de milliers d'engins explosifs délibérément laissés par l'EI, écrivent les Nations Unies. Sur les 5,8 millions d'Irakiens déplacés dans tout le pays entre 2014 et 2017, près de quatre millions sont déjà rentrés chez eux, tandis que d'autres attendent que leurs quartiers, leurs écoles et leurs marchés soient débarrassés de ces engins explosifs mortels.
2. «Contamination 3D»
L'UNMAS a diffusé une vidéo qui suit les experts en explosifs s'aventurant au plus profond de la vielle ville, à leurs risques et périls. Lorsqu'ils ont commencé à travailler dans l'ouest de Mossoul, ces experts ont rencontré une quantité sans précédent d'engins explosifs improvisés (EEI), laissés par les jihadistes. Ces explosifs ont été disséminés sur des ponts, dans des écoles, des usines de traitement de l'eau ou même des hôpitaux. Tant qu'ils n'ont pas été désamorcés, ils empêchent la réhabilitation des installations qui fournissent l'eau potable, l'électricité ou les soins primaires à la communauté.
À la différence du déminage traditionnel, où les mines sont généralement enfouies au sol, l'ONU parle de «contamination 3D» à Mossoul. En effet, les explosifs peuvent se trouver partout, certains ont notamment été disposés dans les corps de combattants morts, ce qui implique l'utilisation de drones avec une caméra pour évaluer les dangers.
3. Huit ans avant que Mossoul ne soit libérée de ce danger
Rien qu'en 2018, 24 millions de mètres carrés ont été nettoyés par les Nations Unies et près de 17 000 explosifs ont été désamorcés. La présence de charges explosives beaucoup plus importantes change également le travail des experts. L'agence parle aussi du cas des bombes larguées par la coalition mais qui n'auraient pas explosé et se retrouvent parfois enfouies à plusieurs mètres sous le sol.
Auparavant, une mine antipersonnel contenait environ 250 grammes d'explosifs alors que, aujourd'hui, certains EEI ont des charges explosives pouvant aller jusqu'à 20 kilos. «Nous devons passer au crible tous les débris, il faudra probablement au moins huit ans avant que Mossoul ne soit libérée de ce danger à un niveau acceptable», expliquait en février 2019 le directeur de la mission irakienne de l'UNMAS, Pehr Lodhammar.
(L'essentiel/cga)