Maladie psychique – «L’art-thérapie c'est s'exprimer différemment»

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Maladie psychique«L’art-thérapie c'est s'exprimer différemment»

LUXEMBOURG - Pour les personnes atteintes de maladies psychiques, l’art-thérapie permet à certaines de trouver une forme d'expression. Au Luxembourg, elle montre ses bienfaits.

Un personnage multicolore tout droit sorti d’un dessin animé, un visage triste et sans regard, qui intrigue et inquiète. Les œuvres d’art, conçues par les personnes souffrant de maladies psychiques expriment leurs souffrances les plus intimes. À travers le dessin, la sculpture, la gravure, la photographie ou l’écriture, l’art-thérapie leur permet un autre rapport à leur maladie qui dépasse le contexte médical. «L’art-thérapie permet aux personnes de s’exprimer différemment», explique Maria Krahwinkel, artiste-thérapeute qui coordonne les «ateliers ouverts» du Centre hospitalier neuropsychiatrique d’Ettelbruck.

Ces ateliers permettent aux personnes hospitalisées ou en traitement ambulatoire de travailler de manière autonome. Pour une fois, ce n'est pas la maladie qui est au centre, c'est l'art. Ici, pas besoin de paroles pour faire passer un message. Une pratique d’autant plus importante que certaines personnes ne peuvent pas ou plus s’exprimer verbalement. «Pour les personnes atteintes de maladies psychiques, les journées sont remplies de hauts et de bas souvent très noirs. Certaines travaillent encore, d’autres sont plus isolées. Cela leur permet de renouer avec des activités sociales et d’être en contact avec d’autres personnes, décrit l’artiste-thérapeute. C’est aussi un moyen de structurer leur semaine et de leur donner une perspective.»

La découverte de ses capacités

Mais le principal établissement hospitalier au Luxembourg entièrement dédié au soutien des malades psychiques, propose également d'autres thérapies par l'art, notamment à travers des groupes art-thérapeutiques, qui traitent à chaque séance un thème spécifique et comprend une discussion dans le groupe. Des séances individuelles à médiation artistique sont également possibles.

Leur point commun: pas besoin d’avoir des connaissances préalables ou des compétences particulières. «Chacun travaille selon ses ressources, et souvent, c’est aussi la découverte de capacités ou de talents oubliés ou ignorés», souligne Maria Krahwinkel. Le fait de pouvoir réaliser une œuvre d’art avec ses propres mains est particulièrement valorisant. «Les personnes retrouvent une certaine productivité, ce qui est très positif pour l’estime de soi. Les plus beaux moments, c’est lorsque les malades participants se surprennent eux-mêmes et vous confient "je ne savais même pas que j’étais capable de faire cela"», détaille l’artiste-thérapeute.

Accepter la maladie

L’art devient ainsi une forme d’apprentissage et donne des pistes pour trouver des issues à sa maladie et des voies pour une intégration progressive au quotidien «normal». Pendant la confection de leur œuvre, les malades sont appelés à trancher sur différents aspects artistiques, ce qui leur réapprend à prendre des décisions, à se décider pour une voie ou pour une autre.

Pourtant, ce n’est pas seulement un processus thérapeutique de guérison, c’est aussi un moyen d’accepter sa maladie, dans un cadre sécurisant. «Au cours des ateliers ouverts de la thérapie, on remarque des changements chez les patients. Au début, certains sont apeurés. Puis, doucement, ils commencent à se faire de plus en plus confiance. Nous avons même constaté de très beaux phénomènes, presque exceptionnels. Certaines personnes démentes étaient parfois capables de se souvenir de moments ou d’épisodes dans leur vie», confie l'artiste-thérapeute Maria Krahwinkel.

(Laurence Bervard/L'essentiel Online)

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