Arnaud Montebourg à Florange«Le bras de fer avec Mittal commence»
FLORANGE- Arnaud Montebourg a rencontré les sidérurgistes jeudi à Florange. Pour le ministre du redressement productif, Mittal a déjà fait une concession en acceptant un éventuel repreneur.

Un «bras de fer» a commencé avec ArcelorMittal autour de l'avenir de l'aciérie de Florange en Moselle, a estimé jeudi le ministre du Redressement productif, précisant que le groupe avait fait une première «concession» en acceptant une éventuelle reprise de certaines activités du site. «Nous sommes aujourd'hui dans un bras de fer qui commence et nous allons le mener ensemble», a déclaré Arnaud Montebourg devant des salariés. «Mittal a fait la première concession qui consiste aujourd'hui à accepter une reprise là où ailleurs, dans d'autres sites, il la refuse», a-t-il souligné.
Le gouvernement a «répété, martelé, rappelé» qu'il souhaitait le redémarrage des deux haut fourneaux de Florange à l'arrêt depuis 14 mois, et «à l'évidence, il ne vous a pas échappé que ce souhait n'était nullement partagé par les actionnaires et la direction du groupe ArcelorMittal», a souligné le ministre sous les huées des salariés. La direction d'ArcelorMittal dira lundi lors d'un CCE à Saint-Denis «ce qu'il a finalement décidé après ce mois de bras de fer, il en prendra seul la lourde responsabilité», a assuré le ministre.
150 millions d'euros exigés
Si la direction «décidait de ne pas faire repartir les hauts fourneaux, le gouvernement a déjà donné instruction à ses mandataires (...) qu'ils se tiennent prêt à rechercher un opérateur industriel durable et sérieux et disposant d'un projet solide et réaliste». Le gouvernement a deux exigences, a détaillé Arnaud Montebourg. D'une part que les activités éventuellement abandonnées dans la filière «chaude» (production d'acier à partir de minerai de fer et de coke) puissent «faire l'objet d'une reprise par tout opérateur intéressé dans le monde».
D'autre part que l'aciériste, s'il décide effectivement d'abandonner le «chaud», «investisse de façon significative et importante» sur la filière «froide». «L'ensemble des montants que nous avons exigés s'élève à 150 millions d'euros», a-t-il précisé, évoquant des «investissements complémentaires de maintenance» pendant cinq ans. Les syndicalistes reçus par M. Montebourg se sont dits «déçus», mais la CFDT a défendu le principe de la loi évoquée par M. Montebourg pour «organiser la reprise par voie de justice d'un site industriel viable». De leur côté la CGT et FO ont appelé à une nationalisation de l'usine.
(L'essentiel Online/AFP)
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Retrouvez le live de L'essentiel sur la venue de Montebourg à Florange.
Et les sites luxembourgeois?
Au regard des fins dramatiques vécues à Liège la semaine passée et à Florange, jeudi, l'avenir des sites de production de Schifflange et de Rodange semblent déjà scellés. Il en sera peut-être question lundi à Paris lors du comité central d'entreprise. En attendant, face à l'incertitude qu'il règne autour des deux usines, le gouvernement luxembourgeois serait bien inspiré de pousser Lakshmi Mittal à rendre son verdict au plus vite.
«À un moment il faut prendre une décision. On l'a provoqué car on ne peut pas laisser les gens indéfiniment dans l'incertitude», nous a soufflé le député de la circonscription de Thionville-Ouest, Michel Liebgott (PS). Un exemple à suivre pour lever le voile sur les intentions d'ArcelorMittal?
Patrick Théry