Après les émeutesLe calme revient peu à peu à Baltimore
Le calme revenait dans la nuit de lundi à mardi, quelques incidents sporadiques clôturant une journée de violences après les funérailles d'un jeune Noir, décédé après son arrestation.

BALTIMORE, MD - APRIL 27: A line of Baltimore Police officers hold their ground at the corner of Pennsylvania and North avenues during violent protests following the funeral of Freddie Gray April 27, 2015 in Baltimore, Maryland. Gray, 25, who was arrested for possessing a switch blade knife April 12 outside the Gilmor Homes housing project on Baltimore's west side. According to his attorney, Gray died a week later in the hospital from a severe spinal cord injury he received while in police custody. Chip Somodevilla/Getty Images/AFP
«La grande majorité de la ville est en train de se calmer lentement mais sûrement, à part quelques incendies de voitures et de feux de rue», a déclaré le chef de la police de Baltimore, Anthony Batts, lors d'une conférence de presse peu avant minuit (5h au Luxembourg). Dès la fin des funérailles de Freddy Gray, des bandes de jeunes, essentiellement des lycéens qui venaient de sortir de l'école, ont pris à partie la police en lançant toute sorte de projectiles: briques, caillous, bâtons, bouteilles... Plusieurs supermarchés ont été pillés et incendiés tout comme des voitures, y compris de la police.
Face à des forces de l'ordre débordées, les autorités ont décidé d'appeler en renfort des milliers de policiers de la région ainsi que les soldats de la garde nationale du Maryland. La maire de la ville, Stephanie Rawlings-Blake, a aussi annoncé l'instauration d'un couvre-feu, mardi, de 22h jusqu'à 5h pour une semaine. «Trop de gens ont passé des générations à bâtir cette ville pour qu'on la laisse détruire par des voyous», a-t-elle affirmé. Les violences, circonscrites dans un quartier du nord-ouest de la ville, ont fait 15 blessés parmi les policiers, dont six ont été touchés plus grièvement. Vingt-sept personnes ont été arrêtées, mais la police a promis de passer au peigne fin les vidéos des caméras de sécurité et autres pour mettre la main sur les auteurs des violences. La garde nationale, qui est une force paramilitaire, va faire l'objet d'un déploiement «massif», a confirmé la générale de cette force, Linda Singh. Une partie des soldats était déjà en ville dans la nuit de lundi.
3 000 personnes rassemblées dans le calme et la dignité
Un responsable de la police du Maryland a indiqué en outre que l'État avait requis jusqu'à 5 500 hommes supplémentaires en renfort. Le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, avait déclaré un peu plus tôt l'état d'urgence «pour restaurer l'ordre» dans cette ville de 620 000 habitants située à une soixantaine de kilomètres de la capitale fédérale. Les violences ont éclaté juste après les funérailles de Freddie Gray, décédé après son interpellation musclée par la police, dont les pratiques sont régulièrement dénoncées, y compris par la maire. La ville a décidé de fermer toutes ses écoles mardi, au risque de se retrouver avec de nombreux jeunes désœuvrés et à nouveau prêts à en découdre. La police de Baltimore avait annoncé avoir reçu une «menace crédible» de gangs locaux.
Des émeutes similaires avaient éclaté l'été dernier à Ferguson (Missouri), après la mort d'un jeune Noir non armé, tué par un policier blanc. D'autres incidents de même nature ont relancé le débat du racisme au sein de la police. La violence à Baltimore, lundi soir, contrastait avec le calme et la dignité de la cérémonie en hommage à Freddie Gray. Quelque 3 000 personnes, famille, amis et anonymes, tous Noirs, avaient rendu dans le calme un hommage mêlé de prières et de militantisme au jeune homme, qui reposait dans un cercueil blanc ouvert, entouré de gerbes de fleurs blanches dans l'église baptiste New Shiloh.
(L'essentiel/AFP)