Energie – Le gaz de schiste exploité au Luxembourg?

«Si on édicte des règles écologiques, on peut le faire», martèle Robert Goebbels, eurodéputé socialiste et partisan d’une possible extraction du gaz de schiste sur le territoire luxembourgeois. Le sud du Grand-Duché regorgerait de cette énergie extraite dans les roches à des mètres de profondeur. «Le Luxembourg importe la plupart de ses produits énergétiques et le gaz naturel est le plus cher d’Europe pour les industriels», souligne l’ancien ministre de l’Énergie qui aimerait voir le Grand-Duché devenir plus indépendant.

Actuellement, le pays importe plus de 98% de son énergie. Une bonne partie du gaz naturel vient de Norvège, mais aussi de Russie. Selon un article scientifique paru dans La revue technique en 1984, il y avait déjà entre 83 et 570 millions de tonnes d’huile de schiste exploitables entre Dudelange et Rodange. Une réserve considérable qui représenterait 350 années de consommation. Oui mais voilà, l’extraction du schiste (sous forme de gaz ou d’huile) pose problème. Certains s’y opposent fermement. C’est le cas de l’eurodéputé Claude Turmes.

L’écologiste a envoyé le 4 octobre une lettre ouverte à l’Université du Luxembourg qui organise ce lundi un débat sur le gaz de schiste. Il y dénonce «l’utilisation de produits chimiques dangereux», pour extraire le gaz. Des produits qui se retrouveraient ensuite dans les nappes phréatiques. Il évoque également des «fuites de méthane», suite à la fracturation des roches contenant du schiste. L'année dernière, un énorme tas de schiste avait d'ailleurs pris feu en face de la gare de Belval durant les travaux du tunnel de Micheville. Le documentaire Gasland, tourné aux États-Unis où l’extraction est courante, a également montré les dangers que représente le gaz de schiste.

«On ne peut pas ignorer les risques écologiques, mais il faut en parler», se défend Robert Goebbels. «Il existe un rapport de l’Agence International de l’énergie qui liste des règles encadrant l’extraction du gaz de schiste». Intitulé «Des règles d’or pour un âge d’or du gaz de schiste», ce rapport de 150 pages datant de mai 2012 évoque «l’attention portée aux communautés locales» ou encore «le contrôle de la consommation d’eau» où des traces de méthane ont déjà pu être relevées. «L’exploitation des importantes ressources de gaz naturel non conventionnelles (dont le gaz de schiste) est la clé de l’âge d’or du gaz», juge l’Agence internationale, qui a traduit ce rapport uniquement dans deux langues, le chinois et le polonais, deux partisans du gaz de schiste.

Nastassia Solovjovas avec Michel Thiel/L'essentiel Online