Vote à la Chambre – Le gouvernement et Luc Frieden sauvés par le LSAP

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Vote à la ChambreLe gouvernement et Luc Frieden sauvés par le LSAP

LUXEMBOURG - La majorité des 60 députés renouvelle la confiance à la coalition en place ainsi qu'à la présence de Luc Frieden dans le gouvernement, lors d'un vote de confiance attendu, ce jeudi.

À l'issue des deux votes de confiance posés dans la Chambre des députés ce jeudi, la majorité des députés a décidé de ne pas retirer la confiance à la coalition CSV-LSAP. Mais les débats étaient certes houleux et ont tenu les citoyens en haleine pendant près de quatre heures.

Le DP et Déi Gréng, qui avaient exigé ces votes de confiance, ont fortement critiqué l'attitude de Luc Frieden, actuel ministre des Finances, et de Jean-Claude Juncker, Premier ministre. «Les faits sont clairs: nous avons aujourd'hui une crise d'État et une crise de confiance», avait lancé Félix Braz de Déi Gréng en guise d'ouverture de la séance à la Chambre. «Si M. Frieden prétend que ces interrogations sur la durée de l'enquête ont été mal comprises, je ne le crois pas. M. Biever et Mme Woltz sont des personnes intelligentes et compétentes qui ne vous ont pas mal compris. Il n'y a pas eu de malentendu», a-t-il insisté.

Le LSAP fait un choix politique

Le DP estimait également que Luc Frieden savait très bien ce qu'il faisait: à savoir, «exercer de la pression sur les enquêteurs». «Il faut que quelqu'un prenne la responsabilité pour ces dysfonctionnements, exigeait Xavier Bettel (DP). Et le responsable du SREL, c'est vous, M. Juncker.» Il a par ailleurs reproché au chef du gouvernement d'avoir été au courant des enquêtes illégales menées par le SREL contre Robert Biever.

Même si Lucien Lux (LSAP) estimait clairement que «la situation est grave et sérieuse», le parti socialiste a estimé qu'il était plus raisonnable de soutenir la coalition. «Nous avons besoin de confiance et de crédibilité et il faut que les citoyens savent que le Luxembourg est un État de droit». Malgré tout, il a insisté: «Je pense que nous pouvons tous en convenir: l'enquête menée par le SREL contre Robert Biever, en matière de pédophilie, était totalement illégale.»

Frieden pas coupable

Le LSAP a par ailleurs estimé que Frieden n'avait, par ses interrogations, pas eu l'intention de mettre la pression aux enquêteurs, tout en comprenant que cela ait pu être interprété ainsi. Dans leur motion alternative, les socialistes estimaient qu'il y avait eu une erreur d'appréciation de la part de Frieden. Pourtant, «on constate qu'aucun élément du dossier ne permet de conclure que l'ancien ministre de la Justice ait eu l'intention de peser sur l'orientation et l'issue de l'enquête».

Un avis que ne partage pas François Bausch (Déi Gréng): «Les paroles de M. Biever ce matin étaient plus que claires. "L'orientation de l'enquête n'a certes pas changé (NDLR: après les interrogations de M.Frieden), mais le comportement de M. Frieden a, sur le plan matériel, rendu l'enquête plus difficile". Il s'agit ici d'accusations très claires, prononcées par le procureur général d'État».

...et le gouvernement reste

Gilles Roth, nouveau chef de fraction du CSV a défendu son ministre: «Il y a eu des interrogations, bien sûr, et Frieden voulait savoir si un jour la lumière allait être faite dans ce dossier». Et de conclure: «M. Frieden, et aussi M. Juncker, voulaient que l'affaire soit résolue et que les coupables soient sanctionnés. Le CSV soutient son ministre très compétent.»

Finalement, les deux principales motions du DP et Déi Gréng ont été déboutées (voir encadré ci-contre). Le LSAP avait proposé une troisième et une quatrième résolution qui ont également manqué de faire l'unanimité à la Chambre. «La motion du LSAP est absolument irrecevable car elle est superfétatoire», s'est indigné François Bausch (Déi Gréng). Selon le DP et Déi Gréng, il est absolument normal qu'un rapport avec des conclusions soit présenté aux citoyens à l'issue de la Commission d'enquête du SREL. Seule nouveauté selon lui: La quatrième motion.

Les premières réactions:

Claude Meisch (DP):
«Le perdant de ce vote, c'est l'état de droit et la démocratie. Le LSAP a pris une décision politique sans repecter ses propres propos».

Xavier Bettel (DP):
«Le LSAP a raté l'occasion de montrer qu'il n'est pas le nounours en peluche de la CSV».

François Bausch (Déi Gréng):
«Je suis extrêmement déçu et amer. Ce n'est pas un bon jour pour l'état de droit. Le LSAP aurait mieux fait de ne rien faire du tout.»

Alex Bodry (LSAP):
«Je pense qu'on n'aurait pas pu faire davantage. Il y a eu des erreurs, certes, mais aucune de ces erreurs ne légitimerait une démission.»

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(Laurence Bervard/ L'essentiel Online)

Les résultats des votes

La première motion voulant retirer la confiance au gouvernement a été rejetée. 41 voix se sont exprimées pour le maintien du gouvernement. 19 personnes ont voté contre.

La deuxième motion exigeant la démission de Luc Frieden a également été déboutée. 41 députés ont exprimé leur confiance à Luc Frieden. 18 députés auraient préférés qu'il quitte le gouvernement. Une personne s'est abstenue.

L'alternative proposée par le LSAP n'a pas non plus convaincu les députés. Dans cette résolution, le LSAP reconnaît que les déclarations de Frieden ont pu être mal interprétées mais qu'il s'agit d'une erreur d'appréciation pour laquelle Frieden ne devrait pas subir de sanction politique. 15 députés ont voté pour cette motion, 45 députés l'ont rejetée. Le CSV a refusé cette motion estimant que Frieden n'avait pas commis d'erreur d'appréciation.

Dans la dernière résolution, les députés ont voté pour la tenue d'un débat sur base du rapport de la Commission d'enquête sur le Service de Renseignement de l’État avant la fin de la session parlementaire. L'objectif de se rapport sera l'identification d'éventuelles responsabilités politiques dans l'affaire du SREL. 41 députés ont voté pour, 19 ont voté contre. Tous les votes étant terminés, la séance est levée.

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