ColombieLe gouvernement négocie, l’ONU veut une enquête
Le pouvoir colombien a repris ses négociations avec l’opposition dimanche tandis qu l’ONU a réclamé une enquête indépendante après les violentes manifestations à Cali.

Dans les rues de Cali le 29 mai 2021.
Le gouvernement colombien a négocié dimanche avec une partie des manifestants qui secouent le pays depuis plus d’un mois, mais sans mettre fin à une crise qui inquiète l’ONU, après avoir fait au moins 13 morts depuis vendredi et entraîné le déploiement de l’armée à Cali en Colombie.
Le gouvernement du président Iván Duque et quelques des représentants des manifestants ont repris à Bogotá leurs discussions après près d’une semaine de pause, mais sans parvenir à masquer leurs profondes différences. Dans le même temps, des milliers de personnes habillées de blanc ont manifesté leur exaspération face aux blocages incessants des routes et à leurs conséquences économiques.
Ces discussions ont eu lieu entre le gouvernement et un comité de grève constitué de syndicats, d’étudiants et de représentants des communautés indigènes qui rejettent sa politique. Mais l’issue semble encore lointaine. Le comité de grève a dénoncé dimanche le «silence complice» du gouvernement face à l’usage «démesuré» de la force de la part des forces de l’ordre. Le gouvernement a répondu de son côté que la seule chose qu’il attend pour s’asseoir et travailler à un accord, c’est la «levée des barrages routiers».
«Message clair»
«Ce matin (dimanche), des milliers de Colombiens qui en représentent des millions ont envoyé un message clair: plus de violence, plus de barrages routiers, plus de destruction», a souligné le gouvernement dans un communiqué. Selon les forces de l’ordre, quelque 87 barrages routiers ont été répertoriés dans tout le pays, dont beaucoup se trouvent dans les abords de Cali, troisième ville du pays et épicentre des manifestations, où l’armée a commencé à se déployer.
Dimanche, des manifestants vêtus de blanc sont descendus dans les rues de plusieurs villes du pays pour protester contre les fermetures de routes et les blocages. À Bogotá, Medellín et dans d’autres régions les manifestants portaient des banderoles appelant à la «paix» ou «plus de barrages routiers» et scandaient des prières. «Nous marchons pacifiquement aujourd’hui pour demander la fin de la grève et que nous reprenions le travail (…), toutes les fermetures de routes et les blocages affectent l’économie nationale et génèrent plus de pauvreté», a déclaré à l’AFP Bernardo Henao, un avocat et éleveur de bétail de 63 ans.
Épicentre des manifestations
L’armée colombienne, obéissant à l’ordre du président Iván Duque, a déployé samedi un millier de soldats dans la troisième ville du pays, épicentre des manifestations antigouvernementales. Les rues de cette ville de 2,2 millions d’habitants ont été vendredi le théâtre d’affrontements entre des manifestants, des policiers et des civils armés qui ont fait au moins 13 morts dans différents incidents. Au moins huit personnes ont succombé à des tirs d’arme à feu, a indiqué la police. Un enquêteur du parquet de Cali a tiré sur la foule, tuant deux civils, avant d’être lynché par les manifestants, selon le parquet.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a fait état pour sa part de 14 morts depuis vendredi, et 98 autres blessés, dont 54 par armes à feu. «Il est essentiel que tous ceux qui pourraient être impliqués dans ces violences ayant causé des blessures ou la mort, dont des responsables officiels, fassent l’objet d’enquêtes rapides, efficaces, indépendantes, impartiales et transparentes et que des comptes soient demandés aux responsables», a déclaré la Haute-Commissaire Michelle Bachelet dans un communiqué.
(L'essentiel/AFP)