Budget 2015Le gouvernement veut «équilibrer les finances»
LUXEMBOURG - Le budget de l'État pour 2015 comprend 258 mesures pour un paquet d’avenir. Le Premier ministre l’a présenté mardi devant la Chambre des députés.

Le budget de l’État pour 2015 comprend 258 mesures pour un paquet d’avenir.
«Le gouvernement est décidé à équilibrer les finances publiques et à mettre fin à un endettement incontrôlé. Nous ne devons pas laisser à nos enfants des dettes qu'ils n'arriveront pas à assumer. Les jeunes ne doivent pas devenir une "génération remboursante"». D’entrée, Xavier Bettel, Premier ministre (DP), donnait le ton en présentant le budget de l'État 2015 devant la Chambre des députés. Mais il rajoutait immédiatement, avec malice, que ces propos n’étaient pas les siens, mais ceux d’un certain… Jean-Claude Juncker, Premier ministre du pays, en 2009.
«Il y a 5 ans, le gouvernement avait fait les bonnes analyses et s'était fixé les bons objectifs. En 2009, la dette de l'État était de 5,5 milliards d'euros. Mais l'année dernière, elle était d'environ 11 milliards d'euros». Face à cette explosion de la dette, Xavier Bettel a alors expliqué que «si la population luxembourgeoise a beaucoup grandi ces dernières années, l'économie n'a pas suivi». Selon lui, la dette qui était de près de 870 euros par habitant en 2004 atteint aujourd'hui, les 14 000 euros par habitant. «Nous devons maintenant agir», a martelé le Premier ministre, avant de détailler les priorités concrètes envisagées dans le budget 2015: «Diversifier notre économie et le secteur financier, adapter l'éducation, lutter contre le chômage, soutenir les familles de manière plus ciblée, mettre les enfants au centre et soutenir les entreprises».
Analysé dans 19 groupes de travail, pour voir quelles économies étaient réalisables, le budget comprend «258 mesures pour ce nouveau paquet d'avenir».
Et Xavier Bettel d’expliquer qu’il se base sur quatre critères: «1. L'argent perçu des impôts doit être dépensé de manière plus responsable. 2. Une gestion plus juste et plus égale des dépenses et des recettes de l'État. 3. Il faut créer un appareil d'État plus moderne et moderniser le pays. 4. Il faut mettre en place une nouvelle politique». Dans le concret, même si aucun chiffre n’a été donné, le Premier ministre a expliqué les réformes envisagées dans de nombreux domaines:
Santé: «Un quart du budget est dédié à la pérennisation de notre système social. Pour éviter d'augmenter les cotisations, nous devons orienter les investissements de manière plus efficace. L'assurance maladie sera réformée. La mutualisation de certains services des hôpitaux permettra de limiter les dépenses. L'assurance dépendance sera modernisée».
Entreprises: «L'État continuera à soutenir la mutualité des entreprises. Cinq ans après l'introduction du statut unique, la participation de l'État sera mise en relation avec l'objectif initial, la lutte contre l'absentéisme».
Fonction publique: «Les employés qui partent à la retraite n'auront dorénavant plus droit à leur congé annuel de l'année en cours et des mois qui n'ont pas été travaillés. Un employé qui part en retraite la percevra dès le premier mois après l'arrêt de travail et n'aura plus droit à trois mois de salaire»
Politique familiale: «Nous ne pouvons pas continuer de donner le message aux jeunes mères qu'il est acceptable d'arrêter de travailler quand elles ont des enfants avec les primes et les allocations. Il faut donner des perspectives aux familles notamment par le congé parental. C'est pour cela que nous n'allons pas renouveler les allocations d'éducation et de maternité».
Prise en charge des enfants: «Afin que tous les enfants puissent apprendre les langues du pays dès un jeune âge, nous permettrons l'accès à des structures de prise en charge gratuites pendant les horaires d'école pour les enfants de 1 à 3 ans. Cela aidera les familles qui ont de jeunes enfants. Nous sommes encore en train de voir les détails. Les dépenses des parents vont ainsi être moindres que ce qu'ils dépensent actuellement avec les chèques-services».
Allocations familiales: «L'allocation familiale et le boni d'enfant seront cumulés. Chaque enfant aura le même montant. L'avis du conseil d'État a été demandé. Le groupe familial pour les nouveau-nés sera aboli. Les nouveau-nés auront les mêmes montants. Le nouveau montant sera fixé à 265 euros. Un ménage avec deux enfants continuera à percevoir 594,48 euros».
Contribution d’avenir: «Nous allons introduire une nouvelle contribution de 0,5% pour tout le monde à l'exception de ceux touchant un quart du salaire minimum. Un ménage qui gagne 3 000 euros contribuera ainsi à 12,5 euros par mois. Ceux qui gagnent 8 000 euros devront payer 37,6 euros par mois. Ainsi, ceux qui gagnent plus, paient plus. En moyenne, il s'agira d'une contribution annuelle de 480 euros. Il s'agit d'un effort solidaire qui sera utilisé pour l'investissement dans l'enfance. Cette contribution d'avenir sera versée à partir du 1er janvier et nous permettra de réorganiser les structures de prise en charge des enfants de manière qualitative et quantitative dès l'automne 2016».
TVA logement: «Le taux super réduit de 3% du logement sera dorénavant uniquement applicable aux familles qui construisent un logement pour leur besoin personnel. Pour un investisseur, le taux de 17% sera applicable».
Logement: «Nous allons présenter 129 nouveaux projets de logements qui seront réalisés dans les années à venir. En tout, l'État participera au financement de plus de 10 000 nouveaux logements, dont la majorité sera réservée à la location. Environ 11% seront des logements étudiants».
Au terme de son discours, Xavier Bettel concluait par cette phrase: «L'égoïsme est une attitude qui manque de clairvoyance. Celui qui se limite à ses propres besoins se retrouvera seul demain. Ce que nous avons aujourd'hui n'appartient pas qu'à nous. Nous devons penser aux générations qui viennent après nous».
(Denis Berche)
Retrouvez le live du discours de Xavier Bettel sur notre site.
Les réactions des partis de la coalition
Eugène Berger (DP): «Ce n'était pas une présentation du budget en tant que tel mais une présentation du pacte d'avenir que nous voulons mettre en œuvre. Nous allons dépenser moins à certains endroits mais l'important n'est pas le montant dépensé, mais les perspectives que nous pouvons créer. La suppression des allocations d'éducation et de maternité reste solidaire, car nous voulons encourager les femmes à reprendre le travail et leur éviter le risque de précarité. Nous leur enlevons donc la motivation de rester à la maison».
Alex Bodry (LSAP): «Ces mesures témoignent du courage politique et montre que le gouvernement prend ses responsabilités. Il s'agit d'une nouvelle orientation pour sortir de la spirale de l'endettement. La politique familiale se situe au cœur des priorités».
Viviane Loschetter (déi Gréng): «C'est une politique qui montre la voie et qui ne soutient pas tout de A à Z. Nous avons le courage de faire une politique citoyenne qui permettra de voir des résultats concrets à la fin de la période législative. Mais il est vrai que nous avons dû ouvrir beaucoup de chantiers en même temps et maintenant nous devons faire attention aux interconnections qu'il peut y avoir».
Les réactions de l'opposition
Gast Gibéryen (ADR): «Xavier Bettel n'a énuméré qu'une vingtaine de mesures sur les 258 qu'il veut mettre en place. En matière de la petite enfance, la politique du gouvernement ressemble à celle de la RDA. Bettel peut mettre en avant la création de 10 000 nouveaux logements, mais à quelle échéance? Il ne l'a pas dit».
Claude Wiseler (CSV): «Je suis très déçu. Il n'y avait pas de vision dans ce discours. On ne sait pas comment ces mesures seront mises en œuvre. Elles ne sont même pas chiffrées. Le gouvernement décide comment doivent vivre les familles et leur enlève le choix de choisir leur mode de vie».
Justin Turpel (déi Lenk): «Il faut faire davantage pour les familles monoparentales. Pour ce qui est de l'éducation, c'est une erreur de dire qu'on peut faire mieux avec moins de moyens».