JusticeLe héros de «Hotel Rwanda» coupable de «terrorisme»
Après des mois de procès, Paul Rusesabagina a été jugé coupable d’avoir «fondé une organisation terroriste [et d’avoir financé] des activités terroristes».

Paul Rusesabagina a boycotté les audiences dès le mois de mars.
Paul Rusesabagina, dont l’histoire a inspiré le film «Hotel Rwanda» et devenu un féroce critique du président Paul Kagame, a été reconnu coupable lundi de «terrorisme», au terme d’un procès qualifié de «politique» par ses soutiens. «Il a fondé une organisation terroriste, il a contribué financièrement à des activités terroristes», a déclaré la juge Beatrice Mukamurenzi au sujet de l’ancien directeur de l’Hôtel des Mille Collines à Kigali, jugé pour son soutien Front de libération nationale (FLN), groupe rebelle accusé d’avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.
Sa peine devait encore être détaillée par le tribunal. La prison à vie avait été requise contre Paul Rusesabagina, 67 ans, rendu célèbre par le film «Hotel Rwanda» sorti en 2004, qui a raconté comment ce Hutu modéré a sauvé plus de 1 000 personnes durant le génocide de 1994 qui a fait 800 000 morts, principalement des Tutsis.
Absent à la lecture du verdict
Paul Rusesabagina a participé à la fondation en 2017 du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé, mais il a toujours nié toute implication dans ces attaques. Ni l’accusé, qui pourra faire appel, ni ses avocats n’étaient présents à la lecture du verdict.
Ils ont boycotté les audiences depuis mars, dénonçant un procès «politique» rendu possible par son «enlèvement» organisé par les autorités rwandaises, ainsi que de mauvais traitements en détention. Sa famille et ses soutiens n’ont eu de cesse de dénoncer «un spectacle mis en place par le gouvernement rwandais pour faire taire un critique et refroidir toute dissidence future».
«Jugé aussi équitablement que possible»
Les États-Unis, qui lui ont décerné la médaille présidentielle de la liberté en 2005, le Parlement européen et la Belgique, dont il est ressortissant, avaient également exprimé leurs préoccupations sur les conditions de son arrestation et l’équité du procès.
Dans une interview début septembre, le président rwandais Paul Kagame avait répondu aux critiques, assurant que Paul Rusesabagina serait «jugé aussi équitablement que possible». Ce procès «n’a rien à voir avec le film (ni) avec son statut de célébrité», avait-il affirmé: «Il s’agit des vies de Rwandais perdues à cause de ses actions et à cause des organisations auxquelles il appartenait ou qu’il dirigeait».
(L'essentiel/AFP)