Fin du secret bancaire«Le Luxembourg a gagné d'autres clients»
LUXEMBOURG - Au Grand-Duché, les investisseurs d'Asie et du Golfe ont compensé le départ des Européens après la réforme du système bancaire.

Pierre Gramegna a déjà effectué deux tournées promotionnelles dans la péninsule arabique au cours des six derniers mois.
«Le Luxembourg fleurit à nouveau après la transformation du système fiscal». C'est avec ces mots que le journal économique Financial Times évoque une reprise inattendue au Grand-Duché. Car les préoccupations étaient grandes autour de l'échange automatique d'informations, introduit en janvier dans les banques luxembourgeoises. Mécanisme qui doit permettre de compliquer l'évasion fiscale. Il y a deux ans, le gouvernement Juncker, sous la pression d'autres États européens, a finalement accepté d'introduire les normes de l'OCDE pour l'échange de données ainsi que l'assouplissement du secret bancaire. Les craintes étaient grandes puisque le secteur financier représente un quart de l'économie luxembourgeoise.
«Jusqu'à présent, le secteur bancaire privé est resté stable. C'est très rassurant», a déclaré le ministre des Finances, Pierre Gramegna, au Financial Times. Ces changements dans le secteur bancaire avaient été bien préparés. «Il y a beaucoup de savoir-faire au Luxembourg», a déclaré Gramegna. «Nous innovons et pouvons nous adapter». Surtout, le retrait des investisseurs des pays européens voisins serait compensé par de nouveaux partenaires: «Nous avons gagné d'autres clients, venant de la région du Golfe et en Asie», a déclaré le ministre des Finances, qui a déjà effectué deux tournées promotionnelles dans la péninsule arabique au cours des six derniers mois.
Image de marque
Pierre Gramegna est même convaincu que le nouveau modèle luxembourgeois rencontrera du succès à l'avenir. Selon lui, le secret bancaire serait devenu un inconvénient pour les banques luxembourgeoises avec le temps. Le gouvernement du Grand-Duché veut même rapidement d'autres réformes. Notamment des normes plus strictes de l'OCDE sur l'échange automatique d'informations devraient être introduites en 2017.
Le Grand-Duché entend ainsi restaurer son image de marque, écorchée en novembre 2013 par l'évaluation d'une commission d'experts financiers. Le système fiscal luxembourgeois, en termes de transparence, était semblable à des paradis fiscaux comme les îles Vierges britanniques ou les Seychelles. Quant à l'affaire Luxleaks, Gramegna estime que la critique du Luxembourg n'est pas justifiée. 26 des 28 États de l'UE proposent aussi des accords fiscaux. «Le Luxembourg est une partie de la solution, pas le problème.»
(Tobias Senzig/L'essentiel)