Bataille en EuropeLe Luxembourg dans le camp des antinucléaires
Onze pays de l'UE, emmenés par la France, ont affirmé mardi leur volonté de «renforcer la coopération européenne» dans l'énergie nucléaire. Le Luxembourg fait partie des pays contre.

Le Luxembourgeois Claude Turmes a participé à une réunion des ministres de l'Énergie, à à Stockholm.
«L'énergie nucléaire est l'un des nombreux outils permettant d'atteindre nos objectifs climatiques, de produire de l'électricité de base et de garantir la sécurité de l'approvisionnement», affirment ces pays dans une déclaration commune signée en marge d'une réunion des ministres européens de l'Énergie à Stockholm.
Les 11 Etats (France, Bulgarie, Croatie, République tchèque, Hongrie, Finlande, Pays-Bas, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) s'accordent pour «soutenir de nouveaux projets» nucléaires, basés notamment «sur des technologies innovantes» ainsi que «l'exploitation des centrales existantes».
Objectif neutralité carbone en 2050
Le texte prévoit des projets conjoints de formation, «des possibilités de coopération scientifique accrue» et le «déploiement coordonné des meilleures pratiques dans la sécurité».
Paris veut notamment recourir à l'atome pour atteindre ses objectifs climatiques en termes d'hydrogène «vert» dans les transports et l'industrie, ce à quoi s'opposent farouchement plusieurs Etats, dont l'Allemagne et l'Espagne. Dans le cadre d'une réforme du marché européen de l'électricité, la France préconise également des contrats de longue durée à prix garanti, y compris au bénéfice de la production nucléaire, ce que refuse Berlin.

La centrale de Cattenom pose problème au Luxembourg.
«Le nucléaire représente 25% de notre production électrique européenne, émet moins de carbone que l'éolien et le photovoltaïque», avait martelé lundi la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, y voyant un outil «complémentaire» des renouvelables «pour atteindre la neutralité carbone» visée par l'UE en 2050.
La présidence suédoise de l'UE s'est montrée accommodante: «nous respectons le fait que les États choisiront des solutions différentes pour leur transition, le but étant de se passer des énergies fossiles», a commenté la ministre Ebba Busch.
«C'est de l'idéologie, pas du pragmatisme»
À l'inverse, Allemagne, Autriche et Luxembourg ont au contraire réaffirmé à Stockholm leur hostilité à l'essor de l'atome en Europe.
«Pour gagner la course contre le changement climatique, nous devons être rapides. Les nouvelles centrales nucléaires, c'est 15 ans de construction, deux à trois fois plus cher que l'éolien et le solaire. C'est de l'idéologie, pas du pragmatisme», a déclaré lundi le ministre luxembourgeois Claude Turmes.