SantéLe Luxembourg devra recruter plus de 5 000 soignants d’ici dix ans
LUXEMBOURG – Entre croissance démographique et départs à la retraite, le Luxembourg aura besoin d’au moins 3 800 infirmiers et 1 200 médecins de plus d’ici dix ans.
- par
- Nicolas Martin

Accusé d’aggraver la pénurie de soignants à ses frontières, le Luxembourg n’est, lui-même, pas épargné par le manque de personnel de santé. Et les 1 700 diplômés du Lycée technique pour professions de santé (LTPS), entre 2018 et 2022, ne suffisent guère à combler les besoins.
Le Grand-Duché a affiché au grand jour, pendant la pandémie de Covid-19, sa dépendance à l’égard des soignants étrangers. Seuls 30 à 40% des quelque 30 400 professionnels de santé actuels sont formés au pays. Et selon les derniers chiffres disponibles, 48,75% des aides-soignants (soit 1 826 personnes en 2019), 64,5% des infirmiers (3 974 en 2019), 24% des médecins généralistes (157 en 2022) et 35,2% des médecins spécialistes (534 en 2022) sont des frontaliers.
«Vieillissement de la population»
Le ministère de la Santé a donc accéléré sur la formation des professionnels de santé et la revalorisation de ces métiers. Reste que les besoins vont grandir eux aussi. Interrogé par L’essentiel, le ministère souligne «qu’au vu de la croissance et du vieillissement de la population tout en prenant en compte les départs en retraite, le Luxembourg devra engager plus de 5 000 nouveaux professionnels de santé au cours des dix prochaines années».

Dans le détail, pour atteindre la moyenne européenne de 3,8 médecins pour 1000 habitants d’ici dix ans (avec une croissance démographique moyenne de 1,9%) le Luxembourg aurait besoin de 1 200 médecins supplémentaires. Il en comptait en 2021 un peu plus de 3 400. De même, il lui faudrait 3 800 nouveaux infirmiers sur les dix ans à venir.
L'attractivité du Luxembourg
Pour y parvenir, le Grand-Duché veut former davantage mais devra aussi rester attractif. Pour l’heure, les primes créées en Belgique ou en France pour retenir les soignants n’ont, selon le ministère, pas causé «de retournement de la situation au niveau des recrutements». Le Luxembourg mise toujours sur «les conventions collectives, offrant des salaires attractifs et des primes intéressantes (heures de nuit, week-ends, jours fériés, compléments de salaire pour les permanences, pécules de vacances)». Mais «désormais une attention particulière est portée sur l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle avec un emploi du temps plus flexible s’adaptant à la vie privée».
S’ajoutent «des possibilités d’évolution et un équipement de pointe», avance le ministère qui travaille sur un plan d’action «pour garantir la disponibilité des professionnels de santé». Outre une campagne de promotion, le Grand-Duché prévoit notamment de responsabiliser davantage certains infirmiers ou encore d’améliorer l’encadrement et l’indemnisation des stages.
L'enjeu des médecins hors UE
Le recrutement de médecins venus de pays hors de l’Union européenne sera aussi un enjeu. «Ils devront obtenir une reconnaissance préalable de leurs titres de formation dans un autre État membre de l’UE pour pouvoir exercer au Luxembourg», rappelle la Santé.
Une exception existe à ce jour pour tout médecin généraliste, spécialiste en neurologie ou en oncologie médicale «car des critères minimaux de formation sont définis au Luxembourg». Pour les autres, il manque une loi pour reconnaître les diplômes hors UE. Mais le ministère prévoit de «définir progressivement des critères minimaux pour d’autres professions».

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