Escroquerie – Le Luxembourg enquête sur le Madoff belge

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EscroquerieLe Luxembourg enquête sur le Madoff belge

LUXEMBOURG – Deux plaintes de Luxembourgeois ont conduit à l’ouverture d’une enquête confiée au juge Isabelle Jung, dans le cadre d'une gigantesque escroquerie à 100 millions d’euros.

L'escroquerie représente plus de 100 millions d'euros.

L'escroquerie représente plus de 100 millions d'euros.

AFP

C’est une arnaque vieille comme le monde qui a piégé près de 70 victimes – dont au moins deux Luxembourgeois – pour un montant de 100 millions d’euros. Le système de Ponzi consiste en fait à rémunérer ses premières victimes avec l’argent de victimes recrutées plus récemment. Évidemment, les escrocs en profitent pour se nourrir sur la bête.

Stéphane Bleus, aujourd’hui en fuite, avait monté une telle combine entre la Belgique et le Luxembourg. L’argent récolté transitait vers le grand-Duché, où il était censé rapporter jusqu'à 25% par mois. Le journal belge, L'Écho raconte par le détail les différentes adresses de boîtes aux lettres des structures luxembourgeoises de Stéphane Bleus. En fait, l’argent était tout simplement déposé auprès d'établissements bancaires, du Grand-Duché, pour alimenter ensuite une multitude de comptes dans des paradis fiscaux.

Les salariés racontent

Aujourd’hui, l’argent a disparu, et Stéphane Bleus est activement recherché. Des rumeurs indiquent qu’il se trouverait au Kosovo.
Deux avocats luxembourgeois, maître Alain Grosjean et maître Didier Schönderger, ont porté plainte. La juge d’instruction luxembourgeoise, Isabelle Jung, a été saisie. Pas moins de cinq chefs d’inculpations sont mentionnés: escroquerie, abus de confiance, faux en écriture, usage de faux et infraction à la loi sur le secteur financier.

Pendant ce temps, on en apprend chaque jour un peu plus sur le système pyramidal mis en place par Stéphane Bleus. Une société basée à Bruxelles, Paragon, permettait d’attirer les victimes. D’anciens salariés contactés par L’essentiel, décrivent ainsi leur journée dans l’entreprise: «On servait pour la déco». En fait ils jouaient «aux employés Potemkine» faisant croire au sérieux des affaires, mais ne touchant jamais l’argent. Stéphane Bleus aurait même poussé le cynisme à embaucher comme stagiaire le jeune fils d’un de ses investisseurs...

Les salaires étaient payés en retard mais la critique n’était pas admise. Le gestionnaire immobilier des locaux professionnels, en charge aussi des fournitures, commençait à râler. Du fait d'impayés, il «refusait de livrer du café ou des bouteilles d'eau». Cela ne fait pas trop sérieux pour une boîte supposée lever 100 millions d'euros. Pourtant «nous sommes tombés de très haut lorsque l’escroquerie a été découverte», gémit un ex-salarié auprès de L'essentiel. Peut-être pas d’aussi haut que les victimes que Stéphane Bleus a dépouillées.

(fru/L'essentiel)

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